L'aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam a vibré, lundi, lorsque la sélection mauricienne de boxe française savate a débarqué dans la salle d'arrivée. Parents, clubs, entraîneurs et membres de la Fédération mauricienne de boxe française savate et disciplines assimilées (FMBFSDA) sont venus accueillir les boxeurs de manière royale. Pour rappel, ces derniers ont ramené de Slovénie une médaille d'argent et quatre de bronze.
Les traditionnelles ravannes se font entendre dans l'aire d'arrivée de l'aéroport. De blanc vêtu, les danseuses de séga se déhanchent depuis un moment avant l'arrivée des athlètes. Lorsque ces derniers font finalement leur apparition, plusieurs personnes vont à leur rencontre dans un débordement de joie. Kersley Visenjoue, entraîneur national, Sheila Sheik-Bajeet, présidente de la FMBFSDA, ainsi que des membres de la famille des boxeurs et autres camarades d'entraînement, ne peuvent s'empêcher de les serrer chaleureusement dans leurs bras.
Sheila Sheik-Bajeet (à g.) et Kersley Visenjoue (c) posant auprès de David de Robillard, vice-champion du monde chez les moins de 70 kg.
A entendre les félicitations adressées à tous les athlètes, même celui n'ayant pas réussi à monter sur le podium, on constate que la couleur des médailles a peu d'importance. Très satisfaite de la performance de tous les représentants en Slovénie entre du 10 au 12 octobre, Sheila Sheik-Bajeet rappelle que ces breloques qui honorent le quadricolore, viennent d'une discipline non-olympique. Pour Kersley Visenjoue, «les résultats parlent d'eux-mêmes». Il ajoute qu'avec de jeunes pratiquants de boxe française tels que Gregory Thomaso (18 ans), Ismael Subdurally (20 ans) et David de Robillard (25 ans), sans oublier Mathieu Visenjoue (20 ans) dont le statut de juge-arbitre international a été validé aux Mondiaux slovènes, «la relève est assurée dans cette discipline».
Avant que tout le monde ne quitte l'aéroport, les athlètes ont rendu hommage à l'entraîneur national en lui remettant un bouquet puis en lui mettant leurs médailles autour du cou. Rendez-vous est maintenant donné à l'année prochaine pour les Mondiaux de boxe française savate en combat (plus intensif que l'assaut qui, lui, est plus focalisé sur la technique que la puissance). Maurice ramènera-t-elle plus de médailles, voire une en or ? La réponse sera donnée sur le ring. Néanmoins, vu la direction prise par la nouvelle génération, il n'est pas impossible qu'au moins un athlète s'octroie prochainement le titre de champion du monde de boxe française après Mario Bienvenu (2002) et Geraldo Thomasoo (2005 et 2006).
Sharon Clair et Akilesh Bhantooa, médaillés de bronze en Slovénie, encadrant le coach national.
Témoignages
David de Robillard (-70 Kkg) : «Je pense que j'avais le potentiel pour l'emporter. Mais je suis d'avis qu'il me faudra m'entraîner davantage pour passer un autre palier. Ma blessure au visage (NdlR : œil au beurre noir du côté gauche à la suite d'un coup de pied haut) en quarts de finale ne m'a pas empêché de continuer à me concentrer sur mon objectif qui était d'atteindre la finale. Cet accueil me fait extrême- ment plaisir. C'est comme si nous avions remporté l'or.»
Akilesh Bhantooa (-85 kg) : «La fatigue a joué un peu contre moi le 1er jour (le 10 octobre) de la compétition mais cela a quand même été la meilleure performance que j'ai eue en assauts à ce niveau. Je suis fier d'être parvenu jusqu'en demi finales dans ma catégorie. Je suis aussi content de la performance des jeunes, Gregory Thomasoo inclus. Pour moi, ce sont de futurs champions du monde. Ismael et David m'ont impressionné. Un bel avenir se profile pour les jeunes en boxe française savate.»
Ismael Subdurally (-65 kg) : «C'était ma première participation à ce niveau, une expérience vraiment inoubliable. Il faudra rester passionné et sérieux à l'entraînement. Mon objectif est de décrocher le titre de champion du monde l'an prochain en combat.»
Sharon Clair (-75 kg) : «Je suis heureuse d'avoir eu cette médaille de bronze car les combats étaient très durs. La performance des représentantes de la Finlande contre leurs adver- saires m'a aidé à remonter dans le classement. Mais je suis satisfaite de ma performance.»
Adriana Geoffroy (+ 75 kg) : «Je suis très heureuse de cet accueil. Mais j'espère aussi pouvoir me reposer en rentrant chez moi (rires).»
Gregory Thomasoo (-60 kg) : «J'ai perdu contre un Japonais avant de battre un Colombien. J'ai encore du chemin à faire. Je me prépare pour les Mondiaux en combat l'an prochain. Je consentirai à tous les efforts et sacrifices pour ramener une médaille.»
Mathieu Visenjoue, nouvellement nommé juge-arbitre international : «Dès le départ j'ai pu officier à des combats importants et arbitrer en demi-finales et finale. Cela dit, aujourd'hui, on s'attendait à ce genre d'accueil, très chaleureux, après la prestation des Mauriciens en Slovénie.»
Bruno Bacoye, assistant entraîneur national : «C'est la première fois que je me rends à des Mondiaux. Pour ma première expérience à ce niveau, je suis satisfait à 100%. Avoir eu cinq médailles est vraiment formidable. Je tiens à remercier le coach national Kersley Visenjoue qui m'a fait confiance. Cela fait un an que nous travaillons ensemble pour préparer les athlètes. Il m'a aidé, conseillé. Il m'appelait quotidiennement en Slovénie pour partager ses analyses. Il a soutenu toute l'équipe. Je remercie aussi tout le monde ayant contribué à faire de ce déplacement un succès.»
Sheila Sheik-Bajeet : «La préparation financière a été difficile. L'idéal était qu'ils partent le 7 octobre. Mais les athlètes n'ont pu le faire que le lendemain. Ils étaient certes fatigués au départ. Mais au final, les résultats sont là. A la fédération, nous sommes satisfaits de leurs performances. Nous ferons le nécessaire pour qu'Ismael Subdurally et David de Robillard puissent bénéficier de l'aide de la High Level Sports Unit. Mais tout sera entre les mains du ministère des Sports. Il serait juste que ces athlètes aient une motivation pour pouvoir continuer à s'entraîner et performer. Aujourd'hui, ces jeunes motiveront d'autres pour faire de la boxe française.»
Kersley Visenjoue, entraîneur national : «Je suis très satisfait de la performance de nos athlètes. A chaque Championnat du monde, nous venons avec de meilleurs résultats. En 2022, on avait eu un vice-champion du monde et deux médaillés de bronze. Aujourd'hui, nous avons un vice-champion du monde et quetre médaillés de bronze. Nous n'avons pas eu de médaille d'or. Avant qu'il ne parte, je me disais que David de Robillard avait le potentiel pour s'octroyer l'or. Cela n'est pas arrivé. Mais je pense qu'il a toutes ses chances pour le décrocher dans deux ans.»