En attendant, méfiez-vous des promoteurs des kermesses de prières, et surtout n'acceptez aucun de leur comprimé.
Demandez-leur plutôt de s'excuser, pendant qu'il est encore temps, pour tout ce qu'ils ont fait dans votre dos en répandant explicitement ou implicitement les semences de la révolte. Et si ce sont les mêmes qui ont créé les désordres fonciers, érigé des châteaux en milliards ici et ailleurs et jeté les bases des divisions et des fractures multiples dans la société camerounaise, alors n'écoutez pas leurs prières. En effet ils se sont servis au lieu de servir la nation./.
Nous monterons et remonterons, nous descendrons et redescendrons, nous nous tournerons et nous retournerons à gauche et à droite, dans tous les sens, mais nous resterons pour toujours, confrontés à la même et dure réalité éthique et morale. Parler fort, très fort, vilipender un homme, un chef d'Etat en lui promettant tous les sorts funestes, est souvent bien trop faciles à travers le monde.
Le culot de certains, conduit souvent à des extrémités de langage à peine soutenables, parce que dans l'exercice de réclamation des bilans, jamais personne ne songera ou n'aura assez d'honnêteté pour une autocritique, pour se remettre en cause. La fuite en avant, les faux semblants et les mises en scène de pure circonstance, caractérisent le genre humain, chaque fois que des situations interpellent la conscience.
Qui a dit aux noirs que Dieu est la poubelle de leurs bêtises et l'exutoire de leurs hontes ? Qui a enseigné au genre haineux, méchant, corrompu et malicieux, que se replier dans des incantations spirituelles d'un matin, d'un soir, d'un instant, opère le miracle de l'absolution intégrale ? Qui a ordonné à quelques êtres de petite vertu, de contourner la case prison, pour entonner des chants de rédemption sur la place publique, sonner les cloches des temples d'une fausse solidarité et enfourcher les trompettes de la gabegie compassionnelle ?
Non, au soir des mille sensations et impressions de malheur, personne ne réussira se cacher dans un lieu de culte, pour élever la voix de pitié, pour implorer le ciel des anges, masquer sa nature, en jouant des puretés abjectes. Le mal est si profond et la faute si évidente pour quelques gens, que le recours au subterfuge de la piété, semble constituer la seule ressource plausible.
C'est un piège. Que non, il faut d'abord prier pour soi-même, en proclamant sainement et sèchement, qu'on a menti tout le temps, qu'on a abusé de la confiance du roi, qu'on a mal géré des prérogatives déléguées par le roi. Vous n'en sortirez pas aussi facilement, et mieux, vous ne serez pas entendus ni pris au sérieux. Un sage est plus dangereux pour les tricheurs, les menteurs et les voleurs, au soir de sa vie.
L'âge c'est à la foi la raison familiale, la logique puritaine et éthique, et l'intelligence discrète mais avisée et toujours alerte. Gardez-vous de penser que vous changerez ses constats et conclusions avec vos prières. Jamais ne pensez qu'il compte sur votre remède pour son mal de tête, tant il vous connaît riches et puissants quand il s'agit d'administrer les poisons les plus violents qui détruisent la société et ruinent toutes les confiances.
Les seules prières étanches et honnêtes, sont celles du soir où vous avez fêté votre nomination, parce qu'à cette occasion, vous aviez juré devant l'éternel et devant votre famille et vos amis, de mériter la confiance du Roi, d'être à la hauteur de la tâche, de servir la nation effectivement et loyalement. Qu'avez-vous fait après ? Pardon, laissez le Président tranquille. Lui au moins, comme collaborateur d'Ahmadou Ahidjo, avait un bilan propre, loyal et sans tâches, ce qui le propulsa légitimement. Mais vous, vous-là, vous les gens des kermesses de prières ? Je préfère me taire.