L'absence prolongée du président camerounais Paul Biya suscite une vague d'inquiétudes et de spéculations sur son état de santé, alors qu'une réunion d'urgence concernant le budget 2025 se tient à Genève. Le Cameroun se trouve dans une situation délicate, entre rumeurs persistantes et urgences financières.
Le 13 octobre, contrairement aux attentes, le chef de l'État n'est pas rentré à Yaoundé. Ce faux retour a intensifié les doutes sur sa santé, déjà alimentés par ses récentes absences à d'importants sommets internationaux, dont l'Assemblée générale des Nations unies et la réunion sur le développement durable à Hambourg.
Face aux rumeurs croissantes, notamment celles propagées par une chaîne de télévision proche des séparatistes ambazoniens, le gouvernement camerounais s'est vu contraint de réagir. Le 8 octobre, une déclaration officielle affirmait que Paul Biya poursuivait son séjour en Suisse, jouissait d'une "parfaite santé" et rentrerait "dans les tous prochains jours". Une semaine plus tard, son retour se fait toujours attendre.
Les spéculations vont bon train. Certaines sources évoquent une hospitalisation dans un pavillon VIP de l'hôpital militaire Percy, près de Paris, information démentie par l'ambassadeur du Cameroun en France, André Magnus Ekoumou. "Paul Biya n'a jamais été hospitalisé à Paris ni ailleurs (...) Il se trouve à Genève (...) en bonne santé", a-t-il déclaré à Jeune Afrique.
Dans ce contexte tendu, une réunion d'urgence a été convoquée à Genève. Louis-Paul Motaze, ministre des Finances, Aboubakary Abdoulaye, vice-président du Sénat, et Marcel Niat Njifenji, président du Sénat, y ont été appelés. L'objet officiel de cette rencontre est l'élaboration du budget 2025, qui aurait dû être signé par le chef de l'État début août.
Ce retard dans la préparation budgétaire inquiète les agences internationales. Les rumeurs sur la santé de Biya affectent la capacité du Cameroun à emprunter et augmentent les risques perçus d'instabilité politique. Avec des échéances de remboursement de la dette extérieure imminentes, la situation économique du pays devient préoccupante.
L'incertitude politique s'ajoute aux défis économiques. Le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a interdit les débats sur l'état de santé du président dans les médias camerounais, une décision qui a attisé les tensions. Par ailleurs, une journée de prières pour Paul Biya, initialement prévue au Palais des Sports de Yaoundé le 17 octobre, a été annulée sur ordre du cabinet civil présidentiel.
À ce jour, aucun retour du chef de l'État à Yaoundé n'est annoncé. Le Cameroun se trouve donc dans une situation d'attente, entre incertitudes politiques et urgences budgétaires. La réunion de Genève pourrait être déterminante pour l'avenir immédiat du pays, tant sur le plan politique qu'économique.