Washington, DC: Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par M. Édouard Martin, chef de mission pour le Tchad, s'est rendue à N'Djamena et a tenu des discussions dans le cadre de la consultations au titre de l'article IV pour 2024 du 3 au 15 octobre 2024. M. Vitaliy Kramarenko, Directeur adjoint du Département Afrique du FMI, s'est joint à la mission pour les discussions relatives aux politiques économiques. Ces discussions se poursuivront au cours des prochains jours.
À l'issue des discussions, M. Martin a fait la déclaration suivante :
« L'activité économique du Tchad a augmenté de 4,9 pour cent en 2023, portée par un rebond de la production agricole, une augmentation des investissements publics et une production pétrolière plus élevée. Après avoir ralenti en 2023 (à 4,2 pour cent contre 8,3 pour cent à fin 2022) du fait d'un ralentissement du prix des produits alimentaires, l'inflation en glissement annuel est remontée à 8.7 pour cent à fin août 2024, reflétant un rééquilibrage des prix des carburants et un rebond des prix des produits alimentaires au cours d'une période de soudure particulièrement difficile.
« Le solde budgétaire global s'est considérablement détérioré en 2023, passant de +4,9 pour cent du PIB non pétrolier en 2022 à -2,7 pour cent. Les recettes non pétrolières ont augmenté régulièrement en raison des réformes de l'administration fiscale, tandis que les dépenses courantes sont restées élevées, en partie du fait des pressions sur les dépenses liées à l'arrivée de réfugiés du Soudan et au recours élevé aux procédures de dépenses d'urgence (Dépenses avant ordonnancement, DAOs).
« Le secteur bancaire reste sous-capitalisé. À fin décembre 2023, le ratio d'adéquation des fonds propres du secteur était inférieur au minimum réglementaire, tandis que les prêts non performants représentaient 31,5 pour cent du total des prêts. La mission a souligné la nécessité de finaliser rapidement et de commencer à mettre en oeuvre les plans de restructuration des deux banques publiques systémiques.
« Pour l'avenir, les perspectives pour 2024-25 restent globalement favorables mais font l'objet de risques importants. L'économie devrait ralentir cette année en raison d'une légère baisse de la production pétrolière et de l'impact des inondations. Malgré une nouvelle baisse de la production pétrolière, la croissance devrait atteindre 3,4 pour cent en 2025 grâce à de meilleures cultures agricoles et à l'activité de l'élevage. Compte tenu des hausses substantielles des prix des produits alimentaires et des carburants, l'inflation augmenterait jusqu'à 8,8 pour cent en glissement annuel à la fin de 2024 avant de diminuer progressivement à moyen terme. Les risques incluent une possible intensification des conflits régionaux, de fortes fluctuations des cours du pétrole et une multiplication des événements liés au changement climatique, tels que les récentes inondations.
« Malgré une nouvelle baisse des recettes pétrolières, le solde budgétaire global se rétablirait quelque peu en 2024. Les recettes non pétrolières augmenteraient considérablement, reflétant de nouvelles réformes de l'administration fiscale, la hausse des prix intérieurs des carburants et le renouvellement des licences de télécommunications. Les dépenses courantes diminueraient, reflétant la suppression progressive des dépenses ponctuelles liées à la transition politique et aux élections et les progrès dans la réduction de l'utilisation des DAOs.
« Alors qu'il est attendu que les recettes pétrolières continuent à diminuer à moyen terme, les discussions se sont concentrées sur des mesures visant à améliorer encore la mobilisation des recettes intérieures non pétrolières, notamment grâce à la numérisation, et à contenir les dépenses courantes, notamment la masse salariale et les transferts vers le secteur énergétique. La mission a également encouragé les autorités à garantir que les allocations budgétaires destinées aux dépenses sociales (tels que la santé, l'éducation, les femmes, et l'environnement sont effectivement dépensées) et à réformer les procédures des passation des marchés publics pour accroître l'efficacité des investissements publics.
« Les autorités sont en train de finaliser leur Plan national de développement, qui définira les politiques et les réformes que le gouvernement entend mettre en oeuvre au cours des cinq prochaines années pour atteindre ses objectifs de développement. Dans ce contexte, la mission a discuté des principaux défis macroéconomiques à moyen terme auxquels le Tchad est confronté. Il a souligné l'importance d'assurer un développement durable et inclusif, ce qui nécessitera notamment de mobiliser des financements concessionnels et des dons pour financer les investissements dans des domaines clés et de prendre des mesures pour promouvoir le développement du secteur privé et la diversification de l'économie. Il a également formulé des recommandations visant à accroître la résilience face au changement climatique, à améliorer le climat des affaires, à renforcer la gouvernance et à réduire les disparités de genre.
« L'équipe du FMI tient à remercier les autorités tchadiennes et leurs autres homologues pour leur hospitalité, leur excellente coopération et des discussions franches et constructives. »
La mission a rencontré Mr. Mahamat Idriss Déby Itno, Président de la République ; M. Tahir Hamid Nguilin, Ministre d'État chargé des Finances, du Budget, de l'Économie et du Plan ; Mme Ndolenodji Alixe Naïmbaye, Ministre des Hydrocarbures, des Mines et de la Géologie ; M. Idriss Ahmat Idriss, Directeur national de la banque centrale régionale (BEAC) ; et d'autres hauts responsables, ainsi que des représentants du secteur privé, de la société civile et des partenaires internationaux de développement.