La junte au Niger a renommé plusieurs avenues, boulevards, rues et places de Niamey qui portaient jusque-là des noms remontant à l'époque coloniale.
L'objectif affiché de cette opération est de valoriser les figures historiques du pays et d'effacer les traces de la colonisation. Elle intervient dans un contexte politique de tension avec la France et de volonté d'affirmer la souveraineté du Niger.
Quatre boulevards et places de la ville de Niamey ont ainsi été les premiers à être rebaptisés par les autorités nigériennes. Il s'agit du boulevard Charles de Gaulle, rebaptisé boulevard Djibo Bakary, de la place Monteil, qui devient la place Thomas Sankara, de la place de la francophonie, qui s'appelle désormais place de l'AES, pour l'Alliance des Etats du Sahel, et du monument aux morts Bou Bande Batama.
"Nouvelle conscience citoyenne"
Le gouverneur de Niamey, le général de brigade Abdou Assoumane Harouna, explique que cette opération est "le fruit d'une nouvelle conscience citoyenne. Nous allons maintenant valoriser nos héros nationaux et africains. Et ce sont les fondements sur lesquels nous allons réussir notre révolution".
Pour l'historien nigérien, le professeur Mamoudou Djibo, il ne s'agit pas de renier l'histoire de la colonisation à travers cet acte, mais de rétablir l'histoire.
"Par exemple, cette avenue Charles de Gaulle qui reçoit le nom de Djibo Bakary, c'est la meilleure revanche pour le Niger. Parce que c'est Charles de Gaulle qui a organisé le premier coup d'Etat politique en Afrique noire, en renversant Djibo Bakary, qui a, à trois reprises, attenté à la vie de Djibo Bakary, qui l'a évincé du pouvoir dans l'humiliation et qui l'a contraint à l'exil", explique le professeur.
Nouveau visage pour les uns, du populisme pour les autres
Cependant, au niveau des citoyens, les avis divergent quant à l'opportunité et l'importance de cette décision de changer les noms des boulevards et places de Niamey,
"Puisque nous sommes déjà dans un Niger nouveau, je crois que cela va donner à notre pays un nouveau visage", estime une habitante de la capitale.
Un autre, au contraire, y voit "du pur folklore et du populisme. Sinon, qu'est-ce que baptiser des avenues a à avoir aujourd'hui avec la souffrance et l'insécurité croissante que vit le peuple nigérien ? Aujourd'hui, la priorité du peuple nigérien c'est l'insécurité et avoir de quoi manger".
Selon les autorités de la ville de Niamey, rebaptiser ces quatre places et boulevards de la capitale constitue la première partie d'une opération qui va s'étendre, dans les jours à venir, à des dizaines de boulevards et places de la ville. Un acte qui vise aussi à promouvoir la culture locale et les langues autochtones.