Grogne sociale en République démocratique du Congo (RDC), après les enseignants, les médecins des services publics sont entrés en grève depuis hier sur l'étendue du territoire national sauf dans deux provinces sous état de siège. Seules les urgences et les centres de prise en charge du Mpox sont opérationnels. La grève a été initiée par Syndicat national des médecins (Synamed), le plus grand syndicat des médecins congolais qui affirme que le mouvement est bien suivi.
« Lorsque vous voyez dans les pavillons, il n'y a aucun médecin. Le gouvernement est tenu responsable de cela », déclare docteur Arsene, qui traverse un couloir bondé de patients que lui et ses collègues refusent de recevoir. « Aujourd'hui, on n'a pas reçu les malades qui sont venus en consultation externe. Nous sommes ici au pavillon pour voir les cas d'urgence extrême, mais les autres cas du moins, nous allons les retourner à la cité. »
Catherine est gréviste. Ce mardi, elle se tourne les pouces dans son bureau. Elle ne cache pas sa colère : « Mon pays m'agace. Ça fait plus de 15 ans que je suis médecin, mais face à ceux qui viennent de finir aujourd'hui, nous sommes la même chose, on ne monte pas en grade. Nous sommes comme des petits cochons, vous entrez dans des supermarchés et vous n'êtes pas respectés parce que vous achetez des choses qui ne servent à rien alors que nous sauvons des vies humaines. Un député touche 21 000 dollars, moi je n'ai qu'à peine 500 dollars. Être médecin congolais, c'est de l'insulte. On ne nous reconnaît pas dans ce pays, nous sommes maltraités, nous souffrons, nos maris souffrent, nos enfants souffrent. Le président doit traiter cette affaire en toute urgence. »
« Tu dois te battre pour nourrir ta famille »
Dans cet autre pavillon, le docteur Ethan déambule. Il est l'un des syndicalistes de l'hôpital. « Toutes les consultations externes ne sont pas autorisées et n'ont pas lieu. Tous les bureaux sont fermés, nous gérons les urgences extrêmes, toutes les interventions chirurgicales sont annulées. Beaucoup d'entre nous ont des décrets et des ordonnances de montée de grade, mais ils ne sont jamais payés à leurs grades, pointe le syndicaliste. On a donné à personne la prime de risques pour joindre les deux bouts du mois. C'est compliqué avec 500 dollars, on te pousse à quoi ? Voler ? Faire des magouilles ou quoi ? Tu as encore 35 ans, mais tu ressembles à un vieux de 60 ans parce que tu dois te battre pour nourrir ta famille, payer le loyer et scolariser tes enfants. »
Le syndicat menace de passer à une grève sauvage si le gouvernement boude le cahier des charges reprenant des accords signés en 2021 et qui prévoyait l'amélioration des conditions salariales.