Transparency International Niger publie son rapport sur la gouvernance dans le pays depuis le coup d'État du 26 juillet 2023 qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Près de 15 mois après la prise du pouvoir par le CNSP, qui reprochait notamment au régime renversé sa mauvaise gouvernance, l'organisation relève une concentration des pouvoirs entre les mains des militaires nigériens et une militarisation de fonctions civiles.
Le CNSP a dissout la Halcia peu après sa prise de pouvoir, pour créer une autre institution de lutte contre la corruption : la commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (Coldeff). Sa mission est le recouvrement des avoirs publics détournés par d'anciens responsables politiques et administratifs. Mais Transparency international Niger note qu'il n'y a pas de poursuites judiciaires en cas de remboursement, ce qui favorise l'impunité.
Par ailleurs, les Nigériens attendent toujours que soient traités des dossiers emblématiques, comme ceux du ministère de la Défense ou de l'uraniumgate qui avaient fait scandale sous la présidence de Mahamadou Issoufou.
« Un boulevard pour la grande corruption »
Maman Wada, président de Transparency International Niger, regrette pêle-mêle le manque de lutte contre la corruption sur le terrain, le favoritisme, avec la nomination de connaissances à certains postes. « Nous n'avons pas connu un acte contre des pratiques corruptives, au contraire », affirme-t-il, citant l'ordonnance de février qui abroge les contrôles sur les dépenses liées à la défense. « Un boulevard pour la grande corruption », selon lui.
Vous avez des officiers qui sont affectés à des tâches civiles. La gouvernance prend un coup dans le sens où vous avez des cadres qui ne sont pas forcément compétents et qui n'ont pas été formés à la tâche.
Magali Lagrange Transparency International Niger formule plusieurs recommandations, comme la création d'une entité indépendante de lutte contre la corruption ou de mener des campagnes de sensibilisation sur le terrain.