Madagascar a la plus haute prévalence de malnutrition chronique (42% des enfants atteints). Dans le Bongolava, une région des Hautes Terres centrales, 52% des enfants souffrent de carences alimentaires, entrainant des retards cognitifs et des retards de croissance. Là-bas, des programmes d'appui tentent d'insuffler un changement dans les habitudes alimentaires de ces populations rurales, tout en intégrant de nouvelles cultures au sein des parcelles des ménages.
« Ok tout le monde voit bien ? Les patates douces sont là, les tomates aussi, là les cacahouètes... » Sous le grand acacia du village d'Ambalanirina, Linah Raheriniaina, promotrice nutrition au sein d'Action contre la faim (ACF) a réuni une cinquantaine de femmes de sa communauté. Une fois par mois, Linah réalise avec elles une nouvelle recette de cuisine qui comprend l'un des légumes récemment introduits au village, en raison de ses bienfaits nutritifs.
« Aujourd'hui, on va préparer une soupe aux patates douces à chair orange. C'est plein de vitamines ! Là, on les a mélangées avec des haricots verts, mais vous pouvez utiliser n'importe quel légume vert que vous avez chez vous », explique la promotrice nutrition.
Un aliment riche en nutriment
« Notre but, précise-t-elle, c'est de montrer à la population comment le consommer. Par exemple, pour les patates douces, on a cinq recettes différentes : en soupe, en chips, en farine infantile, etc. Ce sont des recettes faciles à faire et avec des ingrédients que les gens ont déjà. »
Il y a encore deux ans de cela, personne au village ne cultivait les patates douces à chair orange. Faratiana, 31 ans et quatre enfants, s'est lancée dans la culture de ces tubercules après avoir reçu des semences de la part d'ACF. « J'ai décidé d'en planter parce qu'on m'a dit que c'est un aliment riche en bons nutriments qui peut être une alternative au riz. Mais c'est vrai que sans cette démonstration de recette, jamais, je n'aurais eu l'idée toute seule de faire une soupe comme ça. Depuis que j'apprends comment cuisiner ces légumes, on a bien diminué notre consommation de riz. »
Et c'est là l'un des enjeux : dans les pays où le riz est l'aliment de base, favoriser la diversification alimentaire pour enrayer le phénomène de malnutrition chronique est un défi national.