Le pilote de rallye le plus titré du pays, Mathieu Ratsitohaina Andrianjafy, vient d'arracher son cinquième titre national dont trois successifs. Il travaille actuellement dans une entreprise familiale.
Racontez-nous votre début. Qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?
Mon premier rallye a eu lieu le 27 décembre, c'était un événement d'un jour hors championnat, où je pilotais une BMW 325X des Rakotondrabesa que nous avions louée en 2003. Par la suite, nous avons acquis une P106 Kit Car et avons participé à deux saisons avec elle. Beaucoup de rallyes m'ont marqué, mais chaque rallye avait sa spécificité. J'ai également été champion avec la Subaru GC8.
Rappelez-nous les titres que vous avez décrochés ?
Le premier était en 2007 sur une Subaru Impreza GC8, puis en 2013 sur une Mitsubishi Evo IX avec Tsiresy, en 2022, 2023 et 2024 sur la Subaru M11 avec Tahina. J'ai eu l'opportunité de conduire plusieurs modèles, dont une BMW, une P106, une Subaru GC8, une P205, deux Mitsubishi Evo IX différentes, une Toyota Celica, une Golf MK1, une Nissan Patrol Pick-up, ainsi que ma Subaru actuelle.
Quelle est votre impression d'avoir remporté cinq titres dont trois consécutifs ?
Soulagé, car ce n'était pas facile de le réaliser, vu que les adversaires sont tous forts. Certes, nous étions sous pression toute l'année, mais finalement soulagés de l'avoir remporté cette fois... Par rapport au parcours que nous avons effectué, nous sommes contents d'avoir atteint un objectif. Et nous poursuivons dans ce sens. En gros, c'est un bilan positif. Nous verrons la suite.
Quel est votre prochain objectif après vos vingt ans de rallye ?
Je ne vais pas m'arrêter là. Sébastien Loeb, à son âge, est encore très actif. Mais l'avenir dépendra de beaucoup de choses, surtout du côté financier. Convaincre les sponsors chez nous est loin d'être facile. Nous nous débrouillons presque tout seuls. Mais nous continuerons à le faire tant que nous le pourrons. Je considère mes vingt ans de rallye comme un avantage et une expérience, car participer à un rallye est devenu une routine, voire une habitude pour moi.
Avez-vous une ambition de conduire une voiture plus puissante ?
Bien évidemment, une voiture plus puissante est toujours mieux, mais cela dépendra du sponsoring. C'est toujours une question de budget. La Subaru actuelle est fiable rapport qualité-prix. Nous pourrions essayer une autre plus puissante si on nous accompagne. Nous voudrions bien, s'il y a de gros moyens, pourquoi pas une WRC ? Mais chez nous, nous pouvons essayer une R4 ou une R5.
Qui vous a donné le pseudonyme « L'Enfant Terrible » ?
C'est Emsix du Rally Gasy (journaliste chroniqueur en ligne spécialisé en sport automobile) en 2008. À l'époque, Davonjy et moi conduisions une P205 alors que nous combattions au classement général pour nous hisser sur le podium. Puis L'Enfant terrible était traduit en « Zaza maditra » et vite repris par les gens. Mais cela n'a rien à voir avec le caractère terrible.
Quel genre de formation de pilotage avez-vous suivi ?
Quand j'ai réussi le BEPC en 1999, mon père me demandait quelle récompense je souhaitais. À 14 ans, je répondais que je voulais aller à l'étranger pour intégrer une école de pilotage. Je suivais quatre ou cinq jours de pilotage. Au pays, je louais du karting 4 temps à l'époque à Ambatobe en 2000. Entre 2004 et 2005, je participais au championnat de karting Rotax 125cc au SRK. Je n'ai vraiment pas suivi de formation. J'avais juste eu les bases, puis la mise en pratique.
Préparer un rallye, une manche ou une saison coûte environ combien ?
Il y a en effet une préparation à faire avant et pendant le rallye. Avant le rallye, il faut vérifier et remplacer des pièces. Cela dépend aussi de l'état de la voiture après le précédent rallye. En moyenne, il faut au minimum entre 3 et 5 millions d'ariary pour avoir une voiture fiable. En rallye, les pépins sont inévitables. Durant le rallye, il faut également prévoir le coût du carburant et des lubrifiants, qui peuvent s'avérer encore plus élevés.
Comment le sponsoring en rallye fonctionne?
Cela dépend du partenaire et de ses spécialisations. Certains donnent en numéraire, d'autres en échange de services en dotant des lubrifiants ou des lave-glaces, selon nos besoins mentionnés dans la demande de sponsoring. Cependant, cela ne comble pas d'habitude nos besoins, souvent très variés. Nous déposons chaque année des dossiers de sponsoring, parfois, la réponse est négative, car la boîte préfère soutenir d'autres équipages ou d'autres sports. Ce n'est pas facile, mais nous participerons toujours tant que nous le pourrons.
Comment vous vous préparez physiquement ?
Je fais du vélo, des randonnées, des raids. Nous prévoyons prochainement une randonnée d'une semaine ou dix jours. Nous le faisons chaque année. Nous avons déjà fait Ambalavao-Tolagnaro-Vangaindrano. C'est toute une autre discipline, mais toujours dans le domaine du sport. La plus longue distance a été de 850 km en vingt-trois jours en 2017. D'habitude, nous faisons plutôt entre 500 et 600 km. L'an passé, nous avions fait Ambatolampy-Vatomandry, environ 300 km, à travers la forêt.