À Kinshasa, l'académie des Beaux-Arts accueille l'exposition « Parcours de l'eau », réalisée par le photographe Arsène Mpiana, qui a collaboré avec de nombreux médias, dont l'AFP. Ouverte du 12 au 26 octobre, cette exposition se veut à la fois un documentaire sur les conditions de navigation sur le fleuve Congo, régulièrement marqué par des naufrages, et une exploration des mythes et croyances qui entourent le crocodile.
Se plonger dans les photos d'Arsène Mpiana, c'est voyager sur le fleuve Congo et remonter le fil d'une histoire familiale, point de départ de l'exposition du photographe. « Nous sommes issus d'une famille de pêcheurs et de commerçants. L'eau est notre élément, et les crocodiles représentent le totem de nos familles », explique-t-il. « C'était une histoire, de bouche-à-oreille, jamais documentée. Raconter ces histoires s'est avéré difficile, car j'ai évoqué les habitants du village et les personnes décédées. C'est ainsi que j'ai exploré les archives familiales, notamment celles de mon père. »
Ce sont ces mêmes archives qui l'ont poussé à prendre le bateau, avec pour point de départ Kinshasa et pour destination le village de Lukoulela. « C'était catastrophique, tout l'argent prévu a été épuisé à cause des imprévus. Nous avons croisé de nombreux bateaux, certains en bois », partage le photographe, avant d'ajouter : « Mais j'ai aussi croisé un bateau accidenté. »
L'insécurité sur les cours d'eau
Ce voyage de sept jours, illustré par une trentaine de clichés, documente ce périple fastidieux : en RDC, les naufrages y sont fréquents, souvent dus à des embarcations surchargées ou mal entretenues, malgré les réglementations en vigueur. Le 3 octobre dernier, un naufrage sur le lac Kivu a fait au moins 33 victimes, selon le dernier bilan de la protection civile locale.
Nous assurons l'entretien et l'aménagement des voies navigables. Après chaque campagne de balisage, nous envoyons un avis aux navigants, accompagné d'un album de navigation. Malheureusement, certains navigants enfreignent les réglementations, notamment en ce qui concerne le tonnage des bateaux. Cela conduit souvent à des drames que nous regrettons tous.
Aurélie Bazzara Avec « Parcours sur l'eau », ce qui est certain, c'est qu'Arsène Mpiana s'emploie à documenter et à laisser une trace pour construire une mémoire familiale et collective.