Nous voulons un professionnalisme solidement ancré, un amateurisme florissant, digne d'être un pourvoyeur de jeunes de valeur, un sport pour tous où le citoyen se retrouve et s'engage sans risque de mauvaises surprises.
Le grand problème qui entrave la bonne marche du sport tunisien réside en la suffisance de bon nombre de ceux qui s'emparent du pouvoir ou qui sont investis, parachutés ou qui se laissent tenter pour une raison ou une autre et viennent jouer les roitelets désargentés. Nombre d'entre eux désertent à la première occasion, laissant un club exsangue et sans ressources. De véritables bombes à retardement.
Combien de présidents ont déserté et auxquels on n'a jamais demandé des comptes? Cela pour les clubs. Pour les fédérations, c'est une tout autre histoire. La prise en main devient une véritable mainmise, qui a tendance à se perpétuer lorsqu'une discipline sportive compte des représentants de valeur. Elle devient, dès lors, une véritable chasse gardée. Et nous avons devant nos yeux ce qui se passe actuellement en football où de pionnière de tout ce qui s'est fait sur ce continent, la FTF devient une fédération sous tutelle de la Fifa. Une véritable honte.
Eviter la mainmise
La gravité de la situation s'explique par la tension qui, au fur et à mesure que les années passent, s'amplifie. Le régionalisme, le clientélisme, la mauvaise gouvernance et autres qualificatifs aussi peu glorieux mettent en évidence la pente savonneuse qui précipite tous ceux qui participent à cette gestion obscure vers l'enfer des réclamations, des protestations, des grèves, et bien d'autres réactions indignes. Les organismes sportifs assimilés ne sont pas en reste. Toutes les fédérations du monde essaient de placer leurs représentants au sein des organismes internationaux et s'appliquent à pousser vers l'avant ceux qui ont acquis, au fil des années, prestige et bonne réputation. Les générations défilent et la consolidation de ces acquis devient un sacerdoce.
Sauf chez nous, où, encore une fois, on écarte toute éventualité de régénérer les bureaux fédéraux, pour amener du sang neuf et s'aligner sur ce qui est devenu dans l'air du temps. Dans tous les cas de figure, on a fixé des mandats dont le nombre diffère d'un pays à l'autre. Il y a ceux qui imposent deux mandats successifs et pas plus. D'autres prévoient deux mandats successifs, et une possibilité de revenir plus tard. D'autres ont prévu des limites d'âge. Cela dépend de ce que l'on veut, mais l'essentiel est bien d'éviter cette mainmise qui bloque tous les rouages et instaure un roulement tout en ouvrant la porte aux futures générations. Pour les clubs et pour leurs fédérations, le régime amateur n'a rien à voir avec celui des professionnels.
Chez nous, c'est la confusion. Au lieu d'orienter nos clubs professionnels vers un statut (des sociétés à objet sportif) qui leur assure responsabilisation, pérennité et bonne gouvernance, on encourage ce qui se passe. Un professionnalisme « marron » avec des clubs qui ne possèdent presque rien (stade, ressources propres, public, etc.). Et on se permet de fêter ces accessions qui finissent mal avec des dizaines de millions de dettes et des pseudo responsables menacés de prison, des milliards en devises sonnantes et trébuchantes qui s'en vont en fumée, pour payer des chevaux de retour, des canassons qui ne valent rien..
Voilà la raison pour laquelle nous avons milité dans ces mêmes colonnes, pour faire la part des choses. Nous voulons un professionnalisme solidement ancré, un amateurisme florissant, digne d'être un pourvoyeur de jeunes de valeur, un sport pour tous où le citoyen se retrouve et s'engage sans risque de mauvaises surprises.
Vivement la promulgation de cette loi des structures sportives !