Comment augmenter la production de lait en Afrique ? C'est une des questions qui se posent au sommet mondial du lait, qui se tient mardi 15 octobre à Paris. Sur le continent africain, la production est toujours insuffisante pour satisfaire la demande. Il y a encore trop de pertes causées par la rupture de la chaîne du froid.
L'Afrique se réchauffe, les périodes de sécheresse s'allongent, et comme pour les fruits et légumes, le lait est très rapidement périssable en cas de rupture de la chaîne du froid. Conséquences : les pertes de production sont toujours importantes rapporte Zénabou Sambu Seidou, transformatrice de lait, fabricante de fromage du côté de Parakou au nord Bénin : « Je vais le dire tout cru comme ça, c'est très difficile parce qu'au niveau des unités de transformation, il n'y a même pas l'existence de la chaîne de froid chez nous. Le lait quitte directement le troupeau et vient directement à l'unité de transformation. Quand le lait perd sa qualité, ça agit systématiquement sur la rentabilité du produit fini. »
Manque d'équipements
En Afrique de l'ouest, on a vu l'apparition croissante des mini laiteries, mais les volumes traités y sont trop faibles : entre 25 et 500 litres par jour. Il manque toujours d'équipement pour maintenir cette chaîne du froid. Quant au transport du lait, dit Zénabou Sambu Seidou, il se fait tôt le matin dans des bidons pas du tout adaptés : « Quand c'est la période de sécheresse, le lait est difficile à trouver, nous parcourons au moins environ 25 à 30 km sur des pistes tortueuses. Du coup, on est obligé, nous les femmes, de signer des contrats de partenariat avec les transporteurs. Le transporteur est obligé d'aller très tôt chez l'éleveur pour qu'ils puissent l'acheminer vers le lieu de transformation au plus tôt possible. »
Au Sénégal, par exemple, seulement 3 % des producteurs refroidissent régulièrement leur lait après la collecte. C'est un chiffre donné par la chercheuse en épidémiologie vétérinaire et santé publique Chengat Prakashbabu.
Système D pour le lait frais
Il est également difficile de maintenir la chaîne du froid en cas de coupure d'électricité. À Madagascar, la coopérative des éleveurs laitiers de Fianarantsoa a investi dans des groupes électrogènes. Pour garder le lait frais, les éleveurs utilisent des bidons en aluminium.
Système D en l'absence de vraie politique menée pour la filière pointe Christian Judicaël Rabotovao, membre du comité de contrôle de la coopérative ROFAMA : « Peut-être que c'est partout dans le monde, mais on le voit bien chez nous que l'État se fiche pas mal des difficultés de la filière. Il n'y a pas de financement approprié. C'est un aliment de base, le lait. Maintenant les docteurs le prescrivent mais il n'y a pas de programme national pour soutenir le lait. »
Un Malgache consomme en moyenne sept litres de lait par an. C'est déjà peu et pourtant la production locale reste insuffisante. L'île est donc dépendante des importations, notamment de poudre de lait.