Madagascar: Plus de playback, moins d'improvisation dans les concerts

« Technique de synchronisation labiale qui consiste à faire semblant de chanter ou de jouer d'un instrument de musique, avec l'aide d'un enregistrement remplaçant le son qui devrait normalement être produit par cette activité simulée », c'est la définition du playback. Oui, sur scène, les artistes ne chantent plus, ils murmurent... Ce qui déçoit énormément leurs inconditionnels.

Contrairement aux artistes d'autrefois, de nos jours, rares sont ceux qui font des répétitions avant un concert. Non seulement ils arrivent en retard à leur spectacle, mais ils saoulent le public. Pourtant, ce dernier a épuisé toutes ses économies pour voir son idole en live. Tian Vita, un manager, explique son point de vue : « Les chanteurs enchaînent les tournées. À un moment donné, la fatigue les guette. Donc, dans les régions les plus reculées, le playback est une option. » Cependant, les mélomanes ne partagent pas cet avis.

Pour eux, la musique exige une certaine qualité. Les fans sont, après tout, des consommateurs. De ce fait, la prestation de l'artiste doit être agréable à l'oreille. « Il ne suffit pas de suivre le rythme ; parfois, il faut improviser quand on est sur scène. La version live n'est pas forcément la même que lors de l'enregistrement. Ainsi, un concert consiste à imposer son style, exposer son talent, et s'adapter à n'importe quelle situation », s'exprime Alain Geffroy, un guitariste des années 1980.

En outre, l'avènement du vocodeur, ou autotune, à Madagascar vers 2005 a complètement transformé le cinquième art. Adieu les techniques vocales. Le logiciel fait tout le travail. Si la chorale était le passage obligé d'un chanteur, dorénavant, la nouvelle génération a tout le matériel qu'il faut pour produire de belles chansons : des instrumentaux composés en 5 minutes, un hit enregistré en 30 minutes.

Cette manière de faire est souvent critiquée par les aînés, qui auparavant consacraient une journée, voire une semaine, à gratter leurs guitares, et un mois pour ajuster leurs voix. L'assistance, pour sa part, remarque que les chanteurs ne font qu'animer. Les « sautez-bougez, mains en l'air » remplacent les paroles. Par conséquent, elle se sent arnaquée !

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