Dans une interview percutante sur Info TV, Eric Chinje, figure emblématique du journalisme camerounais, a livré une analyse critique de la situation actuelle du Cameroun, mettant en lumière les défis majeurs auxquels le pays est confronté. Ses déclarations soulèvent des questions cruciales sur la gouvernance, l'investissement, et l'avenir du pays.
Chinje, connu pour avoir été le premier présentateur anglophone du journal télévisé sur la CTV (aujourd'hui CRTV) en 1985, a pointé du doigt plusieurs problèmes fondamentaux :
1. Crise d'investissement : "Il n'y a pas eu d'investisseurs dans ce pays depuis le début de la crise dans le Nord-ouest et le Sud-Ouest," affirme Chinje, soulignant l'impact désastreux du conflit sur l'économie camerounaise.
2. Image internationale ternie : Selon lui, "l'image du Cameroun dans les marchés internationaux est en bas." Cette perception négative du pays comme étant "en crise" freine considérablement son développement économique.
3. Minimisation du problème : Chinje critique la tendance des autorités à présenter la crise comme un problème régional, alors qu'elle affecte l'ensemble du pays.
4. Absence de vision claire : Dans un appel direct au Président Paul Biya, Chinje pose la question cruciale : "Quelle est votre vision pour le Cameroun ?" Il déplore le manque de clarté et de communication sur les objectifs à long terme du pays.
5. Objectif d'émergence 2035 : Bien que le gouvernement ait fixé l'objectif de faire du Cameroun un pays émergent d'ici 2035, Chinje s'interroge sur les actions concrètes mises en place pour y parvenir.
Ces déclarations d'Eric Chinje soulèvent plusieurs points de réflexion importants :
- Leadership et communication : Le manque de vision clairement articulée et communiquée par les hauts responsables politiques crée un vide qui alimente l'incertitude et le pessimisme.
- Impact économique de la crise : La situation sécuritaire dans les régions anglophones a des répercussions bien au-delà de ces zones, affectant l'économie nationale dans son ensemble.
- Perception internationale : L'image d'un pays en crise nuit gravement aux efforts de développement et d'attraction des investissements étrangers.
- Cohésion nationale : La tendance à minimiser la crise comme un problème régional risque d'exacerber les divisions au sein de la société camerounaise.
- Planification à long terme : L'absence apparente de stratégies concrètes pour atteindre l'objectif d'émergence en 2035 soulève des doutes sur la faisabilité de ce projet.
Les critiques d'Eric Chinje interviennent dans un contexte politique et économique déjà tendu. Le Cameroun fait face à de nombreux défis, notamment la crise dans les régions anglophones, les menaces sécuritaires dans l'Extrême-Nord.
Son appel à une vision claire et à une meilleure communication de la part du gouvernement résonne avec les préoccupations de nombreux Camerounais. Il met en lumière la nécessité d'un dialogue national constructif sur l'avenir du pays et les moyens de surmonter les crises actuelles.
En conclusion, les observations d'Eric Chinje offrent un aperçu précieux des défis auxquels le Cameroun est confronté. Elles soulignent l'urgence d'une réponse gouvernementale cohérente et transparente aux problèmes du pays, ainsi que la nécessité d'une stratégie de développement claire et inclusive.
Alors que le Cameroun aspire à devenir un pays émergent d'ici 2035, les questions soulevées par Chinje appellent à une réflexion profonde sur les moyens de réaliser cette ambition malgré les obstacles actuels. Le débat qu'il a lancé pourrait servir de catalyseur pour un dialogue national renouvelé sur l'avenir du Cameroun.