C'est un accord qui suscite à la fois espoir et controverse : l'Accord-cadre de coopération sur le bassin du Nil (CFA). Entré en vigueur dimanche, il vise à « établir les droits pour les pays riverains et promouvoir une gestion équitable » du plus long fleuve d'Afrique. Mais il est également source de tensions. L'Égypte et le Soudan l'ont rejeté, y voyant une tentative de réduire leur part de l'eau du Nil.
Manque de garanties, absence de concertation... les griefs sont suffisamment nombreux pour rejeter l'accord du CFA estime le Caire, qui refuse de « céder un seul mètre d'eau du Nil », dans les termes de son ministre de l'irrigation.
Un rejet justifié selon Fadi Comair, président honoraire du programme hydrologique intergouvernemental de l'Unesco : « C'est un accord qui concerne les pays amont du Nil, ils ont marginalisé les pays en aval et ces pays en aval, c'est l'Égypte qui va être impacté directement et qui l'est déjà par la construction du barrage de la Renaissance par l'Éthiopie, sans consultation adéquate avec l'Égypte ni le Soudan. » L'Égypte, qui dépend du Nil pour 97% de ses besoins en eau, considère le Grand Barrage de la Renaissance comme une « menace existentielle ». Ces craintes sont aussi pointées dans l'accord du CFA.
Porte encore ouverte à l'Égypte
Malgré l'opposition du Caïre et de Khartoum, Martinez Mangusho, ancien ambassadeur du ministère ougandais des Affaires étrangères, et qui a suivi les négociations, salue un accord « déterminant » : « Cet accord est très important, car il reconnaît que nous avons tous besoin d'eau, et ceux qui sont maintenant dans le CFA confirment que nous voulons coopérer dans l'utilisation de cette ressource partagée. Vous voyez : lorsque vous allez négocier, vous devez le faire de bonne foi. Nous n'avons pas besoin de mourir pour que les autres pays riverains survivent, nous pouvons tous survivre avec cette ressource donnée par Dieu. » Un message adressé à l'Égypte, à qui l'ancien ambassadeur a déclaré que la porte pour rejoindre le CFA, reste ouverte.
L'Éthiopie, l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie ont ratifié l'accord. L'Égypte et le Soudan ont refusé de signer, tandis que la République Démocratique du Congo s'est abstenue.