Mali: Pour l'ex-international Momo Sissoko, le pays «mérite de remporter un titre majeur»

interview

Pour RFI, Mohamed Sissoko dit « Momo » remonte le temps et parle de son optimisme pour l'avenir du foot malien. Mais l'ex-international malien, passé par le PSG, ne mâche pas ses mots en évoquant l'état actuel du foot au Mali. Un foot incarné par le talent de Kamory Doumbia qu'il voit comme le futur des Aigles.

Vous êtes un ancien joueur du Paris Saint-Germain. Que pensez-vous de ce PSG version 2024-2025 ?

Je pense que c'est une équipe qui est reconstruction et qui est ambitieuse aussi. Ils ont pour but de gagner cette fameuse Ligue des champions. C'est une équipe qui est complète. Malheureusement, il nous manque un attaquant. Mais encore une fois, je pense que c'est une équipe qui va se révéler. Plus le championnat va aller, plus l'équipe va se révéler.

Que retenez-vous de votre passage au Paris Saint-Germain entre juillet 2011 et janvier 2013 ?

Je ne retiens que des bons souvenirs. Un passage très court, mais très chaleureux et encore aujourd'hui, je garde de très bons souvenirs du Paris Saint-Germain. J'ai fait partie de la « première ère » qatarienne, et je suis vraiment honoré de cela. Aujourd'hui, on voit que c'est un club qui est mondialement reconnu, c'est une marque maintenant, le Paris Saint-Germain.

C'est vrai qu'au niveau du football, tout le monde attend cette Ligue des champions. Il y a des joueurs qui ont été recrutés, il y a beaucoup d'investissement. C'est une équipe ambitieuse. Actuellement, il y a un changement de cap, car avant, la politique était d'acheter des stars comme Neymar, Messi. Depuis une ou deux saisons, on mise plus sur des joueurs à fort potentiel comme Bradley Barcola ou João Neves.

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Ce début de Ligue 1 est passionnant. Monaco est actuellement leader. Le PSG est deuxième. En embuscade, il y a l'OM, Lille, Lens. Qu'est-ce que vous pensez de ces premières journées ?

C'est une bonne chose parce qu'avant, tu te disais que le Paris Saint-Germain allait facilement être champion. Maintenant, ils ont des concurrents directs. On voit des équipes qui sont là, de bons joueurs qui s'affirment. Donc c'est une bonne chose pour la Ligue 1 et pour les téléspectateurs. Aux yeux du monde, clairement, c'est le championnat le plus compliqué à jouer, parce que ce n'est vraiment pas facile d'évoluer en Ligue 1. On a pu le voir, il y a beaucoup de stars qui sont arrivées en Ligue 1 et qui n'ont pas donné satisfaction.

C'est un championnat qui a énormément de potentiel, énormément de jeunes issus de la région parisienne ou d'autres régions qui se développent et qui jouent après dans les meilleurs championnats au monde. Donc, c'est une bonne chose et on peut s'apercevoir que la Ligue 1, est un révélateur de talents.

Parmi les talents en Ligue 1, il y a quelques joueurs maliens comme Massadio Haïdara, Kamory Doumbia, Lassine Sinayoko. Pour vous, quel est le joueur malien à suivre cette saison en Ligue 1 ?

Kamory Doumbia, sans hésitation, parce que c'est un petit qui n'est pas encore connu du grand public, mais c'est un petit qui va se révéler. C'est un joueur à fort potentiel, très intelligent et qui, pour moi, pourra faire partie des joueurs de haut niveau.

Personnellement, vous avez porté le maillot malien à 34 reprises. C'était important pour vous d'évoluer avec les Aigles ?

Oui, c'était important. C'est vrai que j'ai fait toutes mes classes avec l'équipe de France. Après, quand j'arrive à Valence, j'opte pour le Mali très rapidement. Pour moi, c'est un choix de coeur, un choix vraiment très réfléchi. Beaucoup pourront dire que c'est un choix précipité, mais je suis très satisfait et très honoré d'avoir porté le maillot de l'équipe nationale du Mali. Pour moi, c'était la chose la plus importante pour moi et ma famille. Je suis très heureux actuellement de pouvoir représenter et être un ambassadeur pour le Mali.

Le vivier malien, depuis des années, semble inépuisable. Il y a énormément de talents qui viennent du Mali et qui évoluent dans les plus grands championnats européens. Mais le paradoxe, c'est qu'il n'y a pas de trophée encore pour le Mali. Vous avez disputé deux demi-finales de CAN (2004 et 2013). Comment on explique que le Mali n'a encore rien gagné sur la scène continentale ?

C'est vrai, c'est un fait. Le Mali a un vivier très important, on a des jeunes talents, mais, je pense que ce n'est pas une question de talent, c'est une question d'organisation dans toutes les catégories d'âge. Au niveau des plus jeunes jusqu'aux Espoirs, on a tout gagné sur la scène africaine. Malheureusement, quand on arrive en seniors, on ne gagne rien. Mais ce n'est pas le fait qu'on n'ait pas de talent, c'est juste une question d'organisation, de s'appliquer sur les détails, chose qu'on n'arrive pas encore à mettre bien en place.

Concrètement, sur vos deux demi-finales, qu'est-ce qui, selon vous, a manqué à votre sélection pour aller en finale ?

Les détails. Je pense que sur les détails, on n'est pas encore au point. On joue bien, mais on n'est pas encore au point et on doit faire attention comment gérer les matchs, comment gérer la pression, les personnes dans la fédération, comment mettre les choses en place pour pouvoir mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Ne pas se préoccuper de ces fameuses primes, parce que ça, c'est le sujet qui est vraiment ennuyant justement en Afrique. Et après, quand on va réussir à mettre tout ça en place, on va briller, c'est une certitude.

Est-ce qu'on peut dire que c'est une de vos plus grosses frustrations en tant que footballeur de n'avoir rien gagné avec votre sélection nationale ?

Oui, c'est ma plus grosse frustration, clairement. Pour moi, mon rêve, c'était de gagner ne serait-ce qu'une Coupe d'Afrique avec le Mali. Malheureusement, j'ai arrêté ma carrière et je n'ai pas pu gagner cette fameuse Coupe. J'espère que nos jeunes frères vont pouvoir nous honorer et faire en sorte de gagner cette Coupe d'Afrique, pas que pour nous les joueurs, mais pour tout le peuple, parce qu'ils méritent vraiment de remporter un titre majeur.

Ce qui étonne, c'est un peu le manque de stabilité depuis quelques années et ces dernières semaines. Avez-vous compris par exemple le limogeage d'Éric Chelle ?

Non, je ne l'ai pas bien compris. Je pense que personne ne l'a compris. Il était sur une bonne dynamique, il a créé un groupe, a réussi à faire venir des binationaux. Il a créé quelque chose de fort, un noyau vraiment dur. Il avait les résultats. Je ne pense pas que c'était le bon moment et le bon timing pour le limoger. Maintenant, ils ont pris un nouvel entraîneur [Tom Sainfiet, NDLR], j'espère qu'il va apporter quelque chose de plus et qu'il va gagner parce que c'est la chose que tout le monde attend.

Je pense qu'avec son potentiel et ce qu'il a pu construire dans les différentes équipes nationales où il est passé, surtout avec la Gambie, je pense que c'est un entraîneur qui peut apporter une plus-value dans cette équipe nationale.

Qu'avez-vous pensé de la suspension du capitaine Hamari Traoré par la Fédération parce qu'il a osé critiquer la gestion du football malien.

Quand Hamari Traoré prend position, ce n'est pas pour sa propre personne, c'est pour l'évolution du football malien. Il y a beaucoup de choses qui se passent en interne. Hamari, c'est le capitaine des Aigles, il est bien placé pour pouvoir s'exprimer. Je suis de tout coeur avec lui. S'il a pris position, c'est pour que les prochaines générations puissent travailler sereinement et surtout que le football malien se développe convenablement. Donc, je pense que tous les amoureux du Mali comprendront le ras-le-bol de Hamari Traoré.

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