Madagascar: L'affaiblissement relatif de la monarchie

Notre précédente Note résume l'étude de G. Lejamble paru dans le numéro d'avril 1972 du Bulletin de Madagascar, sur les fondements du pouvoir royal en Imerina. C'est à partir du règne de Ranavalona Ire que l'on assiste à l'ascension des Hova, la classe roturière.

En partie installée sur le trône par les conseillers après que Radama tourne le dos, la reine épouse l'un d'eux. Elle crée pour lui la charge de Premier ministre. « À sa mort, un autre conseiller le remplacera dans ce double office. »

Pourtant, l'apogée des roturiers et le déclin relatif de la royauté se produit à partir du règne de Rasoherina . Selon G. Lejamble, désormais le Premier ministre, en l'occurrence Rainilaiarivony, ne laisse plus à la reine que les « apparences du pouvoir », dont les « éléments du caractère religieux » forment l'essentiel.

Toutefois, certains caractères du pouvoir demeurent. Ainsi, le pouvoir royal ne se dégagera jamais complètement de « ses origines communautaires ». À l'apogée de l'absolutisme, le (la) souverain(e) aura toujours soin de rappeler dans ses proclamations «qu'il n'est pas le seul détenteur du pouvoir ». Il le partage avec le peuple et si le roi est le « père du peuple », réciproquement celui-ci est le « père et mère » du souverain.

En outre, c'est le peuple qui souhaite l'avènement du roi et qui le reçoit. « Pures formules de style au XIXe siècle, ces déclarations n'en sont pas moins révélatrices des sources du pouvoir et de son principe sous-jacent. »

Ensuite, le pouvoir est conçu comme un moyen de perfection continu de la société merina. Et tous les progrès accomplis sont attribués au roi ou à la reine qui est seule source d'innovations sociales et donc de bien-être.

Enfin, le souverain est le garant de la continuité entre le passé qu'il faut préserver et l'avenir à construire. Dans cette optique, il doit s'appuyer sur les ancêtres qui ont créé et préservé le royaume et les coutumes, et recevoir d'eux le « hasina ». Il en est de même des idoles qui « ont aidé ses ancêtres dans leur tâche ».

Ce lien, nécessaire entre le nouveau souverain et la lignée de ses prédécesseurs, donne une importance toute particulière aux problèmes soulevés par la transmission du pouvoir. Car d'après G. Lejamble, « l'histoire traditionnelle merina est une illustration de la continuité du Fanjakana ».

Ce que renforcent les propos de l'auteur. Ce dernier précise que le statut et le rôle du souverain sont tels que toute solution de continuité dans le pouvoir suprême est impensable. D'autre part, « les multiples exemples d'usurpation ou de tentative d'usurpation du trône rendaient nécessaires certaines précautions».

Ce qui amène G. Lejamble à aborder la succession au trône, le décès du roi, l'intronisation, en commençant par les Pensées de... Blaise Pascal: « Car qui choisira-t-on, le plus vertueux et le plus habile ? Nous voilà incontinents aux mains, chacun prétend être le plus vertueux et le plus habile. Attachons donc cette qualité à quelque chose d'incontestable. C'est le fils aîné du roi ; cela est net, il n'y a point de dispute. La raison ne peut mieux faire, car la guerre civile est le plus grand des maux. »

Mais l'Imerina, réfute G. Lejamble, n'a pas la chance de connaître cette solution séculaire. « Celle qui prévalut finalement, vint sans doute trop tard pour assurer au royaume la stabilité et la puissance qui leur eussent évité la tragédie qu'on sait. »

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