Interpellé le 14 octobre dernier, par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), puis placé en garde à vue à Paris, l'influenceur d'origine béninoise, Kémi Seba, a été relaxé le 17 octobre 2024, sans poursuite judiciaire immédiate, selon son avocat, Me Juan Branco. C'est dire si finalement, on n'a rien trouvé contre Gilles Robert stellio Capo Chichi, président du mouvement Urgences panafricanistes dont l'interpellation avait fait l'effet d'une bombe.
L'activiste risquait trente ans de prison, s'il était reconnu coupable des faits à lui reprochés. Tout ça pour ça , est-on tenté de s'interroger au regard du grand tollé qu'a suscité l'affaire ? En fait, l'homme était « soupçonné d'intelligence avec une puissance étrangère en vue de susciter des hostilités ou des actes d'agression contre la France ». A dire vrai, cette façon de faire ressemble, à bien des égards, aux pratiques des pays du Gondwana.
Car, comment dans un pays dit des droits de l'Homme où la liberté d'opinion et d'expression est sacrée, peut-on procéder à l'interpellation d'un citoyen menu d'un passeport diplomatique, sans s'assurer de disposer de preuves irréfutables contre lui ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que la DGSI n'a pas rendu service aux dirigeants français. Car, il ne fait nul doute que cette affaire de l'activiste Kémi Seba contribuera à ternir l'image de la France et de rendre l'activiste plus sympathique. En tout cas, elle apporte de l'eau au moulin de ceux qui accusent les autorités françaises de s'acharner sur un Africain dont le seul crime est de dénoncer l'impérialisme occidental.
Kémi Seba gagnerait à mettre un peu d'eau dans son vin
Cela dit, si Kémi Seba a été relaxé sans poursuite immédiate, c'est que les chasseurs de la DGSI auront capturé un « gros gibier » pour rien. Bien au contraire, la France aura offert une publicité gratuite à l'influenceur qui va, à coup sûr, renforcer sa cote de popularité. Et on ne serait pas étonné de voir dans les jours à venir, l'influenceur allié de la Russie et du Sahel, mener une campagne de diabolisation contre l'Hexagone qui sort perdante dans cette affaire.
On est d'autant plus porté à le croire que l'Hexagone n'a rien trouvé pour le maintenir dans les liens de la détention, ni l'extrader vers son pays d'origine qu'est le Bénin comme le redoutait son avocat, encore moins obtenir en échange, la libération du président déchu Mohamed Bazoum, comme le subodoraient certains. En ce qui concerne l'hypothèse de l'échange, Kémi Seba s'est-il révélé être un prisonnier non monnayable ?
On a des raisons de le penser. Primo, Kémi Séba aurait pu être un prisonnier encombrant pour le locataire du palais de la Marina qui fait feu de tout bois pour normaliser ses relations avec le Niger dont les autorités ont offert gracieusement au panafricaniste, un passeport diplomatique. Secundo, le président Tiani qui a bombardé Kémi Seba conseiller spécial, n'a pas pipé mot sur l'arrestation de ce dernier.
Signe, sans doute, qu'il n'était pas disposé à discuter d'un éventuel échange de prisonnier avec la France qu'il n'a eu de cesse d'accuser à tort ou à raison de vouloir déstabiliser son pays. Toutefois, si Kémi Seba s'en est tiré d'affaire, il doit savoir que c'est parce que la France est un Etat de droit où la Justice est indépendante. Car, c'eût été sous d'autres cieux, il aurait été mis au cachot sans autre forme de procès. Il mène, certes, un combat noble qu'est celui de la libération totale du continent noir, mais il semble pécher par ses contradictions qui frisent l'incohérence.