La circonscription no 15 (La Caverne-Phoenix) est la plus grande circonscription électorale de Maurice, regroupant 61 231 votants. Elle couvre plusieurs régions telles que Belle-Terre, Castel, Mesnil, Holyrood, Highlands, Solferino, La Caverne, Hermitage, Paillote, Petit-Camp et Valentina, Clairfonds, ainsi qu'une partie d'Henrietta et de Quinze-Cantons. Lors des dernières législatives, cette circonscription a montré une tendance vers un partage des voix, malgré les appels des leaders politiques à voter en bloc. Cependant, les élections à venir pourraient réserver des surprises.
Les candidats de l'Alliance du changement y affichent une grande confiance, convaincus qu'ils peuvent remporter une victoire écrasante. Depuis trois semaines, ils intensifient leur présence sur le terrain avec des campagnes de porte-à-porte et des réunions. De leur côté, les candidats de l'Alliance Lepep, officiellement présentés hier, redoublent d'efforts pour marquer leur présence et convaincre les électeurs. Les activistes des deux alliances sont également très actifs, s'efforçant de persuader les partisans de l'importance du changement ou de la continuité. La Caverne-Phoenix pourrait s'avérer un terrain fertile pour les nouveaux venus, car plusieurs défis locaux restent à relever malgré les avancées infrastructurelles.
En termes de développement, la circonscription no 15 a bénéficié de plusieurs améliorations au cours des cinq dernières années. L'un des projets phares est la construction de l'hôpital ENT, financé par l'Inde à hauteur de Rs 885 millions, qui a grandement amélioré l'accès aux soins de santé. Les problèmes de circulation à Phoenix, notamment aux ronds-points de Jumbo et Dowlut, ont été partiellement résolus avec la construction des autoponts, facilitant ainsi la fluidité du trafic. Le Metro Express, qui traverse la région, représente également un progrès significatif, mais des attentes demeurent, notamment concernant le Vacoas Urban Terminal.
Ce projet, incluant un marché moderne, est toujours en suspens et la gare actuelle est jugée déplorable par de nombreux habitants. Le pont d'Holyrood, inauguré en avril 2024, est une autre réalisation importante. D'un coût de Rs 60 millions, il remplace l'ancien ouvrage datant de 1876. La région abrite aussi plusieurs centres commerciaux très fréquentés, offrant de nombreuses commodités aux résidents.
Malgré ces réalisations, certaines zones de la circonscription, notamment La Caverne et Solferino, se disent laissées-pour-compte. Les habitants déplorent que le développement se soit concentré ailleurs, négligeant leurs quartiers. Les jeunes, en particulier, dénoncent le manque d'infrastructures et de facilités. Les installations sportives existantes sont mal entretenues et tombent rapidement en ruines. «La municipalité ne fait rien pour l'entretien de ces infrastructures», affirment plusieurs habitants. Les pistes synthétiques, autrefois prometteuses, sont devenues des «plaies visuelles», tout comme les aires de jeux pour enfants qui sont abandonnées. En outre, la sécurité dans certains quartiers est devenue un sujet d'inquiétude, avec une infiltration croissante de la drogue. Les résidents se plaignent que les autorités n'agissent pas, malgré de nombreux appels à l'aide. Un autre problème majeur concerne l'approvisionnement en eau. De nombreux habitants signalent qu'ils n'ont parfois pas d'eau pendant plus de trois jours. Ce problème d'eau persistant exacerbe le mécontentement des électeurs.
Au-delà des problèmes d'infrastructure, certains habitants expriment leur frustration face à l'absence de certains députés sur le terrain. Ces dernières semaines, un mécontentement croissant s'est fait sentir à l'égard des candidats de l'Alliance Lepep, certains électeurs n'hésitant pas à exprimer publiquement leur déception. En matière de développement urbain, plusieurs quartiers semblent à l'arrêt. Deux terrains de football sous l'égide de la municipalité de Vacoas-Phoenix, à Solferino et La Caverne, sont dans un état lamentable.
Les amateurs de football sont contraints de tondre eux-mêmes l'herbe avant de pouvoir jouer. De plus, les terrains manquent d'éclairage adéquat, ce qui rend difficile la pratique du sport en soirée. La circonscription no 15, bien qu'ayant connu des développements notables au cours des dernières années, reste marquée par des disparités. Le fossé entre les zones développées et celles négligées devient un enjeu central pour les prochaines élections.
Les électeurs, qu'ils soient favorables au changement ou à la continuité, feront le bilan de ces cinq dernières années avant de se rendre aux urnes. L'issue de ces élections pourrait bien redessiner le paysage politique de La Caverne-Phoenix.
Les voix des habitants
Bissoon Gopaul, entrepreneur: «Cela fait 49 ans que j'habite à La Caverne. J'ai grandi ici. Il est triste de constater qu'en dépit des promesses, rien de concret n'a été fait pour exploiter cet endroit qui possède une histoire riche. Il y a eu des développements ailleurs, que ce soit en termes de métro ou d'infrastructures, mais qu'en est-il de notre région ? Nous vivons dans une période où la vie est devenue très difficile. J'ai deux enfants encore à l'école, et je dois débourser environ Rs 10 000 uniquement pour les leçons particulières et le transport. C'est difficile de joindre les deux bouts.
Il faut parler de la nourriture, du prix de l'essence, des problèmes d'eau et de la drogue.» Il ajoute : «Les jeunes d'aujourd'hui n'ont pas d'avenir dans ce pays. C'est malheureux que certains candidats et même des députés sortants ne se montrent que durant la campagne électorale. Cela étant fait, ils disparaissent. Il est certain qu'il doit y avoir du changement.»
Nazim Deelawar, tôlier : «On se sent abandonnés. S'il y a eu des développements, la qualité de vie des Mauriciens a grandement diminué. Tout est cher. Les jeunes ne veulent pas travailler. Le problème de l'eau dans cette circonscription est devenu insoutenable. Vous pensez que des gens peuvent rester sans eau pendant plusieurs jours ? Et on nous dit que c'est à cause de la pose de tuyaux. Depuis je ne sais combien d'années, on nous sert le même discours. On fait les mêmes travaux partout, mais ça ne se termine jamais.»
Sakoontalla Ramdin, marchande de gâteaux : «Il faut redonner une chance à ce gouvernement. Il y a eu plusieurs progrès que les habitants ne peuvent pas négliger. Avec une pension de Rs 20 000, je trouve que les personnes âgées peuvent s'en sortir. De plus, nous aurons accès à des médicaments gratuits. Pourquoi faudrait-il un changement ? Vous n'êtes pas bien là où vous êtes ? Vous cherchez à aller vers l'incertain ?»
Nitin Kumar Busguth, pharmacien et directeur : «La région de Solferino connaît depuis plusieurs années des problèmes d'accumulation d'eau lors des inondations. À chaque fois qu'il y a des travaux, étonnamment, c'est dans des endroits spécifiques, alors que d'autres sont laissés pour compte. Dans cette circonscription, on a l'impression que les projets et les développements d'infrastructures sont ciblés. De plus, il y a un gros problème de sécurité et d'ordre public.
De nombreux habitants sont victimes de vols. Les caméras Safe City ne suffisent pas à assurer la sécurité. Il n'y a plus de patrouilles de police. Les voleurs et les toxicomanes rôdent partout et rien n'est fait pour améliorer cette situation. Je pense que le coût de la vie et l'insécurité sont deux problèmes majeurs auxquels les habitants font face, et c'est dans ce sens que nous voulons voir du changement.»