Dès l'entame de la session budgétaire, les affaires internes de l'Assemblée nationale trustent les débats. À l'issue d'une séance à huis clos, hier, l'acquisition de véhicules 4x4 par les députés est actée.
C'est acté. Les députés de cette nouvelle mandature, quel que soit leur bord politique, auront chacun droit à un véhicule 4x4. C'est ce qui ressort d'une réunion à huis clos, hier, au palais de Tsimbazaza. Une réunion interdite au public, à laquelle Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, ministre de l'Économie et des Finances, a été "convoquée" par les membres de l'Assemblée nationale.
La séance à huis clos d'hier figure en haut de l'ordre du jour adopté par les députés mercredi, en milieu de soirée. Prévu pour débuter à 10 heures, le rendez-vous auquel a été "convoqué" le grand argentier de l'État a accusé une heure de retard. Les échanges avec la ministre de l'Économie et des Finances ont duré un peu plus de deux heures. Elle est sortie de la salle des séances de la Chambre basse peu après 13 heures.
Dans la plupart des cas, les réunions à huis clos consistent à discuter des avantages pécuniaires et matériels des députés, d'autant plus lorsque le grand argentier de l'État y est convoqué. Celle d'hier n'a pas fait exception. En réponse à la presse, à l'issue d'un événement, lundi, la ministre Rabarinirinarison a évoqué le débat qui allait animer les relations entre les députés et le pouvoir exécutif en ce début de session.
"Nous verrons durant la rencontre avec les députés, puisque le budget qui leur est destiné est parmi les points sur lesquels l'État s'est penché particulièrement. Si auparavant, ils recevaient une indemnité compensatrice de transport pour leur permettre d'accomplir leurs obligations d'élus... Une question se pose actuellement : allons-nous maintenir cette indemnité ou allons-nous inscrire directement dans le budget l'achat d'un matériel roulant ?", a déclaré le grand argentier de l'État.
À l'issue de la réunion à huis clos d'hier, la ministre Rabarinirinarison n'a pas répondu aux sollicitations des journalistes. Selon les informations qui découlent du premier huis clos de cette nouvelle législature, l'acquisition de véhicules 4x4 pour chaque député est donc actée. Le sujet a fait l'unanimité. Il a même été indiqué qu'un premier lot de quarante tout-terrain attend déjà leurs acquéreurs.
Bien que la conjoncture socio-économique nationale soit difficile et que la population soit obligée de se serrer la ceinture, les débats d'hier à Tsimbazaza ont porté sur les modalités de paiement et le modèle de véhicule à acquérir.
Tirage au sort
Dans un lapsus, dans sa réponse à la presse, lundi, la membre du gouvernement a donné un aperçu de la manière dont ces véhicules 4x4 des députés seront acquis. À l'entendre, l'indemnité compensatrice de transport des députés sera mise à contribution. En des termes plus simples, il s'agit du crédit carburant attribué à chaque député. L'acquisition des 4x4 se fera sous la forme d'un "leasing", d'une durée de cinq ans, soit l'équivalent d'un mandat parlementaire.
L'idée est alors que les députés, acquéreurs des véhicules tout terrain, paient l'intégralité du crédit-bail une fois leur mandat achevé, l'argent y afférent étant directement prélevé mensuellement sur leur budget carburant. Jusqu'à la tenue de la séance à huis clos avec le grand argentier de l'État, hier, cette modalité de paiement a été un motif de mécontentement des députés, une grogne qui a conduit à une menace de destitution du bureau permanent de la Chambre basse.
"Une portion conséquente de notre crédit carburant a déjà été amputée bien avant le début de la session, sans qu'on nous en donne une explication", s'est plaint un élu en marge d'un événement à Anosy, mercredi. Visiblement, l'explication voulue a été donnée par la ministre Rabarinirinarison, hier. Elle a également convaincu les députés d'accepter le "leasing", à prélever sur l'indemnité compensatrice de transport, vraisemblablement.
Après la question financière, il fallait aussi convaincre sur le choix du modèle et du concessionnaire des véhicules 4x4. "Puisque nous devons les payer nous-mêmes, pourquoi ne pourrions-nous pas choisir le modèle et la marque que nous voulons?", auraient soutenu certains élus. Certains souhaiteraient des véhicules plus puissants, d'autres des modèles plus prestigieux, quitte à payer plus.
La réplique avancée durant les débats serait que le concessionnaire choisi est celui qui a accepté que le crédit-bail se fasse "sans acompte et à taux zéro". Aucune des sources approchées ou contactées n'a indiqué de quel concessionnaire il s'agit ni de quel modèle de véhicule. À l'issue des demandes d'explications à la ministre de l'Économie et des Finances, les députés ont poursuivi le huis clos jusqu'en fin d'après-midi.
La question à laquelle les membres de l'Assemblée nationale ont mis tout un après-midi à répondre est: "Comment choisir ceux qui seront les premiers à acquérir les quarante premiers 4x4 déjà disponibles et qui devront attendre deux mois pour pouvoir le faire ?". Au final, les députés ont décidé de procéder par tirage au sort pour déterminer qui seront les premiers "chanceux".