Les lumières continuent de clignoter dans les maisons, comme les dîners aux chandelles dans les habitats les plus reculés. La Grande-Île broie du noir, aucune résolution. Par dessus tout, une bouffée de chaleur et une épouvantable haleine se mélangent avec l'arôme des déodorants bon marché se propageant dans les transports en commun à cause de la coupure d'eau. Les compatriotes vivent dans une lourde atmosphère au quotidien.
Cette conjoncture contraint le président de la République à agir, en attendant. Par conséquent, des énormes citernes d'eau sont déployées dans les quartiers du « Rano mora ». Pour l'instant, la population de la ville des Mille tient bon. « Mais combien de temps cela va-t-il durer ? », une question très pertinente. À un mois et demi de la course municipale, étancher la soif du peuple s'avère devenir une tendance, un peu de fraîcheur pour les électeurs. Bien entendu, la potentialité du candidat se mesure par le volume de son réservoir... d'eau. D'ailleurs, le moment est venu de purifier la capitale. Elle a souffert de trop de mauvais souvenirs olfactifs.
Qu'en est-il des régions ? Excepté Antsiranana, qui a eu la chance de bénéficier de forages d'eau potable dans trois quartiers périphériques, d'autres villes et districts doivent attendre la saison des pluies pour remplir leurs cuvettes. Les zones littorales sont obligées de plonger dans la mer.
Force est de rappeler que deux professeurs de l'école polytechnique de Diego-Suarez, à l'instar de Jean Marie Razafimahenina et feu Mamiharijaona Ramaroson, ont maintes fois présenté leurs travaux, « la désalinisation de la mer » - « l'eau de mer génératrice d'électricité ». Mais, ces têtes pensantes ne voyaient que le regard indifférent, voire méprisant des autorités compétentes.
Porter la lumière au pays demeure le rêve le plus cher de ces messieurs. Malheureusement, l'un d'eux, en l'occurrence Mamiharijaona Ramaroson, est parti. Décédé le mardi 7 novembre 2023, il ne consommera pas le fruit de ses recherches ! Le comble dans l'histoire, hormis quelques représentants locaux, aucun responsable étatique n'a souhaité rendre un dernier hommage à ce grand homme. Faut-il encore rappeler que les Américains voulaient acheter la formule ? Une offre que les autorités ont catégoriquement refusée. « C'est pour Madagascar », ont-ils répondu avec fermeté. Rares sont ceux qui déclinent une telle proposition. Eux, ils n'ont pas dit Masina ny tanindrazana de temps en temps. Ils l'ont prouvé avec des faits. Le dollar ne les intéresse point !
Bref, jusqu'ici, l'état des choses ne fait qu'empirer. Madagascar patiente, mais n'avance pas non plus.