Une situation sans précédent secoue le Cameroun : après 46 jours d'absence inexpliquée du président Paul Biya, un avocat a officiellement demandé la constatation de la vacance présidentielle. Cette démarche inédite soulève des questions cruciales sur la gouvernance et le respect de la Constitution dans le pays.
Me Tamfu Richard, avocat inscrit aux barreaux du Cameroun et du Nigeria, a saisi le président de l'Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, pour qu'il enclenche la procédure de constatation de la vacance du pouvoir. Cette action s'appuie sur l'article 38 de la Loi 2004/004 du 21 avril 2004, qui stipule que seul le président de l'Assemblée nationale peut saisir le Conseil constitutionnel pour constater la vacance de la présidence.
L'absence prolongée du président Paul Biya soulève de sérieuses inquiétudes. Parti du Cameroun le 2 septembre, il n'a plus été vu en public depuis le 8 septembre, manquant plusieurs rendez-vous diplomatiques d'importance, notamment :
- L'Assemblée générale des Nations Unies
- Le Sommet de la Francophonie en France
- La Conférence sur le développement durable à Hambourg, en Allemagne
Cette situation est d'autant plus préoccupante que le Directeur de cabinet civil a affirmé le 8 octobre que le président était en "excellent état de santé", ce qui rend son absence encore plus inexplicable.
L'avocat argue que cette absence irrégulière est constitutive d'une démission de facto, se référant à l'article 1(8) de la Constitution qui fixe le siège des institutions, y compris la présidence, à Yaoundé. Le fait que le chef de l'État soit absent de son poste de travail sans justification valable pourrait donc être interprété comme un abandon de ses fonctions.
Cette situation inédite met en lumière les failles potentielles du système constitutionnel camerounais et soulève des questions sur la continuité de l'État. Si la procédure aboutit, elle pourrait marquer un tournant historique dans la vie politique du pays, qui n'a connu que deux présidents depuis son indépendance en 1960.
Les observateurs s'interrogent sur les conséquences possibles de cette démarche :
1. Une possible transition politique si la vacance est constatée
2. Un débat national sur la nécessité de renforcer les mécanismes constitutionnels
3. Une réflexion sur la transparence et la communication autour de la santé des dirigeants
La balle est maintenant dans le camp du président de l'Assemblée nationale, qui doit décider s'il saisit ou non le Conseil constitutionnel. Sa décision sera scrutée de près, tant par les Camerounais que par la communauté internationale.
Cette crise politique survient dans un contexte déjà tendu, avec des défis sécuritaires et économiques importants pour le Cameroun. Elle souligne l'urgence d'une clarification de la situation au sommet de l'État pour assurer la stabilité du pays.
Alors que le Cameroun attend des nouvelles de son président, cette affaire pourrait bien redéfinir les contours de sa démocratie et de ses institutions pour les années à venir.