Ile Maurice: Le ressenti des habitants - Manque de loisir, drogue et absence d'infrastructures

À moins d'un mois des élections (10 novembre), les différents blocs politiques continuent à peaufiner leur stratégie. Du porte-à-porte, de Curepipe à Midlands, aux réunions nocturnes, le dialogue est privilégié pour convaincre les habitants de faire un choix éclairé. Ils seront précisément 47 428 électeurs à décider entre le changement et la continuité.

Des deux côtés des principaux blocs politiques, un renouvellement des candidats est observé par rapport à ceux qui s'étaient présentés en 2019. Kenny Dhunoo (Mouvement socialiste militant) et Adrien Duval (Parti mauricien social démocrate, PMSD) cèdent leur place à de nouvelles figures dans la circonscription, dont deux membres de l'Alliance du changement et une de l'Alliance Lepep. Ajay Gunness du Mouvement militant mauricien, battu dans la circonscription n° 16 lors des dernières élections, fait son entrée à Curepipe, soutenu par Richard Duval (Nouveaux Démocrates), également candidat en 2019, mais au n° 12. Ce dernier avait accédé à l'Assemblée nationale grâce au système de Best Loser. Toutefois, ils ne seront pas les seuls à avoir été parachutés dans cette circonscription.

C'est également le cas de Sandra Mayotte. Élue sous la bannière de l'Alliance Morisien en 2019, en tant que membre du MSM, elle a occupé le poste de Parliamentary Private Secretary. Classée deuxième dans la circonscription n° 14, juste derrière Alan Ganoo, elle a dû céder sa place pour se retrouver à Curepipe. Ces nouveaux visages devront, dans les jours à venir, faire entendre leur voix et prouver aux électeurs qu'ils sont véritablement engagés pour leur bien-être. Après une absence lors des dernières législatives, Malini Sewocksingh (PMSD) fait son retour dans la circonscription. Désormais à nouveau sous la bannière de l'Alliance Lepep, après y avoir été élue en 2014, elle compte poursuivre le travail qu'elle a entamé depuis plus de 12 ans.

Les regards des habitants seront particulièrement tournés vers les deux élus de la circonscription en 2019. Steven Obeegadoo, Premier ministre adjoint sortant et membre de la Plateforme Militante, est attendu au tournant. Élu avec 11 865 voix, il a accédé au poste de numéro 2 du gouvernement après la révocation d'Ivan Collendavelloo par le Premier ministre, en raison de sa possible implication dans l'affaire St-Louis.

En tant que ministre du Logement, Obeegadoo a livré récemment quelque 400 maisons de la New Social Living Development Ltd, en plus des logements fournis par la National Housing Development Company Ltd durant son mandat. De l'autre côté, Michaël Sik Yuen, du Parti travailliste, également élu en 2019 avec 11 066 voix, remettra son sort entre les mains des électeurs.

C'est le District Magistrate Gavindren Seeneevassen Coolen qui supervisera cette circonscription. C'est le centre communautaire de Camp-Caval, situé à l'avenue Albert Daruty de Grandpré qui a été désigné comme le Nomination Centre où le 22 octobre, les candidats viendront s'y enregistrer.

La voix des habitants

Hésitants face à la caméra, les habitants de la circonscription Curepipe-Midlands portent cependant un lourd fardeau sur le coeur. À Midlands, les langues se délient, mais toujours sous le couvert de l'anonymat. Ils reprochent au gouvernement sortant de n'avoir accordé que peu d'attention à leur région. «Seul un terrain de football a été inauguré au cours des cinq dernières années, et pourtant, nous avions le Premier ministre adjoint élu ici. On peut même dire que nous ne l'avons jamais rencontré.» Faute d'infrastructures et avec des routes parsemées de nids de-poule, les habitants espèrent que le prochain gouvernement n'oubliera pas leur existence, et pas seulement une partie de leur électorat.

Le même sentiment prévaut à Dubreuil. Bien que quelques améliorations aient été apportées, elles sont jugées largement insuffisantes. «Nous reprochons au Premier ministre adjoint son manque de présence sur le terrain. On ne l'a vu qu'à l'approche des élections, mais pendant toutes ces années, il était absent, contrairement à Kenny Dhunoo, qui nous a aidés autant qu'il le pouvait.» En revanche, à l'entrée de Résidence Atlee, une grande partie des habitants exprime son mécontentement à l'égard du gouvernement en place.

«Nous sommes sur la route Royale, et il y a au moins six lampadaires sur 200 mètres, mais le soir, il faut compter combien illuminent réellement le chemin. Quand vous faites des réclamations à la municipalité, on vous répond qu'il y a un manque d'ampoules», témoigne Antonio Ova. Ce dernier n'est pas opposé à un changement, mais lance une mise en garde : «Il faut savoir faire le bon choix. Certains candidats sont arrogants.» Cependant, il parle en faveur de la jeunesse : «Il faut donner aux jeunes la chance de faire leurs preuves.»

À La Brasserie, le manque d'activités de loisir se fait cruellement sentir. «Il y a bien un jardin d'enfants, mais il est plus souvent fermé qu'ouvert. Nous essayons d'encourager les enfants à y passer du temps, afin qu'ils évitent de tomber dans les nombreux pièges qui les entourent», confie Laval. Il précise que ce n'est qu'en fin d'année que quelques activités sont organisées dans le quartier.

«Les jeunes sont désoeuvrés, et beaucoup d'entre eux se sont malheureusement tournés vers la drogue, au grand désarroi de leurs familles.» Amrita, habitante de la rue Robinson, se dit quant à elle satisfaite du travail accompli par le gouvernement sortant. «Il y a eu des développements, notamment en ce qui concerne les routes, sans oublier les maisons construites par le gouvernement pour les plus démunis.»

De son côté, André Pierre se montre très critique envers le pouvoir en place. «Il a fallu attendre la veille des élections pour les voir venir frapper à notre porte», déplore-t il, tout en pointant du doigt l'état déplorable des quartiers de la circonscription. «Aujourd'hui, des enfants de huit ans consomment de la drogue. C'est inadmissible. On ne peut pas nous promettre un avenir avec plus d'argent sans garantir notre tranquillité d'esprit.» Il se souvient d'un temps où des activités étaient organisées le week-end dans la cour de la municipalité. «Aujourd'hui, il n'y a plus rien. Et même lorsque des activités sont proposées en soirée, on hésite à y participer, par crainte des voyous qui rôdent dans les rues. Dès 18 heures, je m'enferme chez moi, faute de sécurité.»

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