Ile Maurice: Jugdish Joypaul - «Je suivrai cette campagne électorale en tant qu'observateur averti et objectif»

interview

Bon nombre de Mauriciens l'appréciaient pour ses analyses objectives sur Radio Plus. Par la suite, il a choisi de s'investir dans une autre mission et a officiellement affiché son adhésion au parti orange lors du meeting du 1er-Mai, étant sur l'estrade aux côtés des dirigeants du Mouvement socialiste militant (MSM).

Cependant, quoiqu'il ait labouré la circonscription no 15 (La Caverne-Phoenix) pendant quatre mois, il a été privé d'investiture pour les élections générales. Jugdish Joypaul compte-t-il rester engagé en politique ou faire un come-back en journalisme ? Confidences.

Comment percevez-vous cette décision du MSM ?

Nous sommes dans une parenthèse démocratique où tout le monde est suspendu à la décision du peuple. La population a repris en main la situation politique et c'est elle qui décidera lors des prochaines élections générales. Passionné par l'histoire politique du pays depuis des années, j'espère pouvoir continuer la route. Je n'ai jamais demandé de ticket pour être candidat aux élections générales.

J'avais obtenu une proposition du MSM pour choisir et travailler dans une circonscription, ce que j'ai fait pendant quatre mois après mon engagement du 1er-Mai. Je n'ai pas eu cette possibilité de servir la circonscription n° 15 (La Caverne-Phoenix) ou toute autre circonscription. Je n'ai aucun regret, aucune amertume, peut-être une petite déception.

J'ai suffisamment d'expérience politique pour comprendre les raisons de cette décision, comme je l'ai dit sur Télé- Plus (NdlR, il répondait aux questions de notre confrère Nawaz Noorbux, lors de l'émission Soirée de Campagne) mercredi soir. Le choix des candidats fait partie du power game entre les partenaires de l'alliance et je comprends les raisons de certaines décisions. En politique, il y a des amis, des adversaires, mais plus important encore, il y a des intérêts.

Mais vous aviez certes parlé d'hésitation en apprenant que c'était désormais Toolsyraj Benydin qui avait obtenu une investiture à votre place...

C'est bien après avoir démarré ma campagne dans la circonscription no 15 que mon ami Toolsyraj Benydin, du Muvman Liberater, m'a informé qu'il avait déjà été choisi dans cette circonscription. Alors, j'ai immédiatement compris qu'il fallait faire une concession et céder la place. Je reste attaché à une certaine déontologie, à un sens d'éthique, dans le respect d'autrui.

Avez-vous néanmoins l'intention de continuer à vous engager en politique ?

Ne pas s'intéresser à la politique, c'est ne pas s'intéresser aux affaires du monde, aux affaires de son pays et à l'avancement de la population. Tout est politique dans une démocratie. On peut faire de la politique sans être député. C'est un service. En tant que journaliste, j'ai beaucoup servi, avec d'autres collègues, pour améliorer ce que l'écrivain français André Malraux appelle la «condition humaine».

Parlez-vous ici d'un engagement politique continu au sein du MSM ?

Non, on peut servir à tous les niveaux. Donc, je suivrai cette campagne électorale de manière très passionnée, en tant qu'observateur averti et objectif. Quant à un retour dans le journalisme, j'attendrai la fin des élections pour en décider.

Mais lors de votre entretien avec «l'express», publié le 5 mai, vous avez parlé de continuer à servir le MSM autrement. Au niveau de la communication et de l'organisation, par exemple, si vous n'obteniez pas de ticket...

Je n'ai pas été sollicité pour de telles fonctions.

N'y a-t-il pas un conflit fondamental entre l'éthique politique et la déontologie journalistique ? Estimez-vous que la population soit prête à vous accueillir à nouveau comme étant un journaliste crédible, qui maintiendra l'indépendance, l'impartialité et l'objectivité dans ses analyses ?

Absolument, il n'y a pas de conflit. Combien de journalistes se sont lancés dans la politique dans l'histoire du pays et qui se sont retrouvés plus tard dans des groupes de presse en faisant leur travail en toute indépendance. Pour faire de la politique, il faut avoir un sens de l'éthique. S'engager dans un parti est un moment d'émotions, une adhésion au service de tous, sans compromis. Quand on s'engage dans une profession, comme le journalisme, il faut avoir la conscience claire, tourner la page et avoir un objectif équilibré. Dans mes analyses, j'ai toujours privilégié l'objectivité et si demain je dois reprendre une telle rubrique, je le ferai avec la même passion objective.

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