Le troisième jour du CANEX WKND 2024 a été marqué par une table ronde enrichissante organisée par le Fonds africain pour la culture, réunissant des figures emblématiques du secteur culturel africain. Parmi les intervenants figuraient M. Mamou Daffé, entrepreneur malien et Directeur du Centre Culturel Kôrè, M. Abdoulaye Konaté, artiste plasticien de renom, M. André Le Roux, Directeur Général d'IKS Cultural Consulting, et M. Mohamed Doumbia, Directeur exécutif du Fonds africain pour la culture.
A cet occasion, M. Mamou Daffé a ouvert la discussion en posant les bases des enjeux des industries culturelles et créatives (ICC) en Afrique. Il a souligné que la culture ne se limite pas à une simple expression artistique, mais constitue un moteur économique vital. « Les arts et la culture affirment l'identité des peuples et favorisent l'accroissement des économies créatives », a-t-il déclaré, insistant sur la distinction entre valeurs marchandes et non marchandes.
M. Daffé a également abordé la gouvernance culturelle en Afrique, pointant le manque de collaboration entre les secteurs public et privé. Il a plaidé pour une meilleure compréhension des enjeux culturels par les investisseurs, affirmant que les entrepreneurs culturels cherchent à créer de la valeur esthétique, ce qui complique souvent la viabilité économique de leurs projets.
Le Directeur général d'IKS Cultural Consulting, M. André Le Roux, a mis l'accent sur le rôle crucial du secteur privé dans le développement des ICC. Il a évoqué les défis d'accès au financement, souvent entravés par des attentes élevées des investisseurs. Pour remédier à cela, il a présenté le Business of Art South Africa, une initiative visant à créer des ponts entre entreprises et artistes, facilitant ainsi le financement des projets culturels.
M. Le Roux a aussi souligné l'importance de construire des institutions de confiance pour établir des partenariats durables. « Le secteur privé doit reconnaître son rôle et être prêt à investir dans la culture », a-t-il affirmé.
Par ailleurs, M. Mohamed Doumbia a détaillé les mécanismes de financement innovants mis en place par le Fonds africain pour la culture, ayant accompagné 500 projets avec un budget de 5 millions de dollars au cours des cinq dernières années. Il a mentionné le Fonds de Solidarité pour les Artistes et les Organisations Culturelles en Afrique (SOFACO), qui a fourni un soutien financier rapide pendant la crise de la COVID-19.
C'est dans ce contexte qu'il a présenté le Fonds d'Intelligence et de Solidarité pour les Artistes (FISA), conçu pour aider les artistes en situation précaire en leur offrant un soutien financier équivalent à huit années de salaire.
M. Abdoulaye Konaté, pour sa part, a plaidé pour une reconnaissance accrue de la culture comme fondement de la stabilité sociale et économique. Il a critiqué le financement minimal accordé à la culture par les États africains, souvent inférieur à 1% du budget national. « Aucune économie ne peut prospérer sans une base culturelle solide », a-t-il indiqué, appelant à un changement radical dans les priorités budgétaires des gouvernements.
Cette table ronde a permis d'aborder des réflexions essentielles sur le développement des industries créatives en Afrique. Les intervenants ont tous souligné la nécessité d'un soutien accru et d'une meilleure collaboration entre les secteurs publics et privés pour valoriser le potentiel économique de la culture sur le continent. Des recommandations concrètes ont été formulées pour renforcer les structures existantes et favoriser l'émergence d'un écosystème culturel dynamique et durable.