Madagascar: Faiseurs de roi

Et ça continue. Les députés n'en démordent pas. Les parlementaires changent, mais la pratique demeure. Dès le premier jour de la session parlementaire, les députés ont relancé leurs revendications d'un véhicule tout terrain.

Autrement dit, la même rengaine que depuis plusieurs mandats. Et comme d'habitude, le 4x4 sert de monnaie d'échange contre le vote de la loi de finances 2025 ou d'autres projets de loi.

La question offusque bien évidemment l'opinion. Alors que la population se débat tous les jours contre le délestage et la pénurie d'eau, les députés trouvent le moyen de mettre la pression sur l'État pour un caprice. C'en est un, étant donné qu'avec un salaire mensuel à l'instar des fonctionnaires, des avantages et indemnités mirobolants, les députés peuvent s'offrir le plus luxueux des 4x4 sans quémander à l'État.

Et puis, la conjoncture et la décence recommandent que le moment ne soit pas opportun pour revendiquer une telle chose. Alors que l'État a dû faire des coupes sombres dans le budget 2024 afin d'éponger le passif de la Jirama, les députés demandent une faveur qui va coûter une bagatelle au trésor public.

Tout compte fait, les députés censés représenter le peuple ne pensent qu'à leur intérêt, comme si on les avait contraints à occuper ce poste électif. On se demande d'ailleurs pourquoi on ne fixe pas au préalable et ne publie pas, avant la tenue des législatives, les émoluments et les avantages des députés.

Tous les candidats seront ainsi en parfaite connaissance de cause avant de prétendre à un poste de député, et il ne pourrait plus y avoir de revendications en cours de mandat. C'est ainsi sous d'autres cieux où le poste de député n'offre d'ailleurs pas de privilèges exceptionnels. Ils sont élus pour voter des projets de loi susceptibles de contribuer au développement. Il n'y a jamais de revendications d'avantages personnels.

On continue d'ailleurs à se demander si les deux Chambres du parlement contribuent réellement au développement du pays ou à autre chose. Le fait est que leur existence s'inscrit dans un système démocratique controversé où la peur d'une motion de censure ou d'empêchement l'emporte souvent sur l'intérêt supérieur de la nation. Les députés sont ainsi plutôt des faiseurs de roi que des concepteurs de lois.

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