Créer un « hot spot » en Ouganda pour accueillir les demandeurs d'asile africains déboutés aux Pays-Bas, c'est le projet qu'envisage le gouvernement néerlandais. En visite le 16 octobre dans le pays, la ministre néerlandaise du Commerce extérieur et de la Coopération au développement, Reinette Klever, qui appartient à la formation d'extrême droite, a fait part de sa volonté de « freiner l'immigration » en misant sur l'Ouganda comme un lieu de renvoi. Si certains membres du gouvernement ougandais se disent ouverts à l'idée, d'autres expriment des réserves.
« Nous nous voulons freiner l'immigration, et il est important que les demandeurs d'asile ayant été déboutés retournent dans leur pays d'origine. Et c'est là que parfois, cela piétine », a déclaré Reinette Klever à la chaîne publique NOS. Un porte-parole ministériel a déclaré à l'AFP que la ministre du Commerce extérieur et de la Coopération au développement « avait brièvement discuté d'un certain nombre de possibilités d'accueil » dans la région, y compris en Ouganda.
Le ministre ougandais des Affaires étrangères, Jeje Odongo, s'est dit « ouvert à la discussion ». Son secrétaire d'État à la coopération internationale, Henri Oryem Okello, lui, a exprimé des doutes. « Je ne pense pas que l'Ouganda donnera son accord », a-t-il déclaré à l'agence Reuters, rappelant que Kampala accueille déjà plus d'un million et demi de réfugiés, pour la plupart venant du Soudan du Sud et de République démocratique du Congo.
C'est d'ailleurs cette politique d'ouverture qui a séduit les Pays-Bas. « Ils apprécient le fait que nous plaçons les réfugiés au coeur des communautés et non dans des camps », a confié à RFI Bagiire Vincent Waiswa, le secrétaire d'État permanent au ministère ougandais des Affaires étrangères. Si aucune demande officielle n'a encore été soumise aux autorités quant à la création d'un centre de retour, il se dit « prêt à encourager le Premier ministre à étudier la viabilité » de ce projet, au cas où une telle demande serait formulée.
Mais au-delà de la faisabilité logistique, cette proposition fait débat. Des défenseurs des droits humains rappellent que l'Ouganda est régulièrement critiqué pour son bilan en matière de droits de l'homme, et que le pays ne serait donc pas en mesure de garantir une protection suffisante aux personnes en danger. Un débat complexe qui reflète les tensions autour de la gestion mondiale des réfugiés. Les discussions autour de cette proposition sont loin d'être terminées.