Après avoir fait vibrer le Champ-deMars ainsi que les ondes de la radio et de la télé- vision nationale au timbre de sa voix si unique et particulière, Jug Gokhool s'est trouvé une nouvelle vocation. Après un passage au sein de l'administration de la Fédération mauricienne de cyclisme, il s'est mis récemment au service du leader du PMSD, Xavier-Luc Duval. Reste à savoir maintenant s'il a misé sur le bon cheval.
Âgé de 63 ans, Jug Gokhool - dont la longue carrière au sein de la MBC s'est achevée au début de l'année dernière - a toujours cultivé un certain intérêt pour la politique. Ainsi, avant qu'il n'affiche ostensiblement son soutien au parti du coq la semaine dernière, l'ancien journaliste était connu pour avoir des affinités avec le Parti travailliste. D'ailleurs, il était pressenti à un moment pour obtenir une investiture sous la bannière rouge au sein de l'Alliance Nationale PTr/PMSD dans la circonscription no 13, en 2005. Toutefois, pour reprendre une expression du jargon hippique, «linn tas dan stal» car il avait été sacrifié à la dernière minute sur l'autel des considérations purement ethniques.
De toute évidence, malgré cet échec, il n'a visiblement pas complètement mis de côté ses ambitions politiques et quand Xavier-Luc Duval a fait appel à lui pour qu'il rejoigne le PMSD à l'occasion de la présente campagne électorale, il n'a pas hésité une seule seconde. «Après l'expérience amère que j'ai vécue en 2015, j'avais mis mes ambitions politiques en veilleuse et je m'étais concentré sur ma carrière à la MBC. Après ma retraite, je n'avais plus de contraintes au niveau professionnel et comme je n'étais pas insensible à tout ce qui passait au niveau du développement dans le pays, j'ai voulu apporter ma pierre à l'édifice en répondant positivement à l'appel de Xavier», a-t-il déclaré au cours d'un mini entretien qu'il nous a bienveillamment accordé, au milieu d'un agenda très chargé, vendredi matin.
Jug Gokhool affirme avoir développé des affinités avec la famille Duval depuis l'époque où sir Gaëtan Duval était une figure incontournable du turf mauricien, au sein de la défunte écurie l'Eveillé dans les années 80. En ce temps où il était encore un jeune journaliste inexpérimenté, sir Gaëtan lui avait ouvert plusieurs portes au Champ-de-Mars et cela, il ne l'a jamais oublié.
Au vu de ses interventions sur le plateau d'une radio privée et lors du rassemblement de l'Alliance Lepep au no 4 qu'il a du reste présidé, au cours de la semaine écoulée, il est clair que l'ancien Curepipien, qui réside désormais dans les environs de Côte-d'Or, prend son nouveau rôle de «communicant stratégique» très au sérieux. «J'aurais pu être député mais je dois dire qu'une investiture n'a jamais été une obsession pour moi. La politique a évolué et de nos jours, je suis convaincu qu'en faisant partie intégrante du 'think tank' d'un parti, je peux avoir autant d'influence qu'un député», nous dit-il.
De prime abord, il faut concéder que son nouveau statut est assez pompeux, mais quelque part , au vu du tôlé que l'annonce de l'alliance entre le PMSD et le gouvernement sortant a soulevé sur la scène publique, il est clair que le titulaire d'un tel poste devait être sacrément doué en sus d'être doté d'un bon sens de la répartie, pour réussir à justifier le volte- face de son leader et redorer par la même occasion, le blason de la maison bleue aux yeux de la population.
«Je ne suis pas dupe. Vu le contexte dans lequel l'alliance s'est concrétisée, je savais dès le départ que j'allais avoir du boulot. J'estime d'ailleurs que l'état-major du PMSD en était également conscient et c'est sans doute la raison pour laquelle ils ont décidé de faire appel aux meilleures compétences afin de mieux expliquer cette démarche mais aussi préparer l'opinion publique tout en la rassurant en vue des prochaines élections», nous confie-t-il.
Compte tenu de la virulence des commentaires des internautes à l'encontre de Xavier-Luc Duval et d'Adrien Duval sur les réseaux sociaux, on imagine l'ampleur de la tâche qui l'attend. «Les détracteurs ne manquent pas, mais j'aime relever des défis. Certes, initialement, le contexte était délicat mais je vous assure que graduellement, grâce à notre sincérité, on arrive à faire passer le message. On essaie de faire comprendre aux électeurs que les compteurs sont désormais remis à zéro depuis la dissolution du Parlement. Il est temps de tirer un trait sur le passé et se focaliser vers l'avenir en faisant confiance à l'équipe qui prône la stabilité au détriment de celle qui inspire la méfiance.»
Le spécialiste du cheval pourra-il faire remonter la cote des coqs ? Réponse dans trois semaines.