Ile Maurice: Quand Pravind Jugnauth se contredit

Le Premier ministre sortant (PM), Pravind Jugnauth, a été catégorique dans ses propos. Il ne faut pas toucher au Best Loser System (BLS). C'était jeudi lors du lancement officiel de la campagne de l'Alliance Lepep dans la circonscription no 9 (Flacq- Bon-Accueil). Dans la foulée, il a critiqué l'Alliance du changement, particulièrement Ashok Subron, sur son combat pour la décommunalisation de la politique.

Cependant, en 2018,lorsqu'il défendait son projet de réforme électoral, le PM s'appuyait sur ce même combat de Rezistans ek Alternativ (ReA) pour affirmer, au Parlement et en dehors, que le BLS était dépassé et qu'il fallait en finir. Retour sur un changement de discours... Aujourd'hui, le PM estime donc qu'une réforme en profondeur de la Constitution, proposée par l'Alliance du changement, n'est pas souhaitable.

«Bizin dimann zot ki pou ariv BLS», a demandé Pravind Jugnauth à l'assistance jeudi. Il dit respecter le fait qu'Ashok Subron «pa krwar dan relizion, li pa krwar dan kominote, li pa pou deklar kominote, me nou, nou bann pratikan, li bizin respekte nou osi». Pour lui,les changements que veut imposer l'alliance PTr-MMM-ND-ReA «pou fer pei rekilee».

Non-déclaration ethnique de Pravind Jugnauth en 2014

Retour en 2014. Alors que le projet d'un mini-amendement constitutionnel était à l'étude pour permettre aux candidats de ne pas déclarer leur appartenance ethnique aux élections générales, Pravind Jugnauth, dans une conférence de presse, avait non seulement exprimé son accord avec une telle mesure, mais avait parlé d'urgence en se basant sur la décision rendue par le Comité des droits de l'homme des Nations unies en 2012.

L'affaire avait été portée et défendue devant cette instance par ReA. D'ailleurs, lorsque le mini-amendement avait été voté, six candidats de l'Alliance Lepep, dont Pravind Jugnauth lui-même, avait décidé de ne pas déclarer leur appartenance ethnique. Les autres étaient ses deux colistiers, Yogida Sawmynaden et Leela Devi Dookun-Luchoomun ainsi que Mahen Seeruttun, Nando Bodha et Roshi Bhadain.

En 2018, son gouvernement était venu de l'avant avec une réforme en profondeur de la Constitution et du système électoral. Selon les explications sur cette réforme circulées par le bureau du Premier ministre, un des buts principaux était de «do away with the mandatory declaration of community». Lors d'une conférence de presse tenue le 21 septembre 2018 pour expliquer les grandes lignes de sa réforme, Pravind Jugnauth avait encore une fois cité la décision du Comité des droits de l'homme, qui avait «demandé à l'État mauricien que les droits des personnes souhaitant être candidats ne soient pas lésés par rapport à la déclaration de leur appartenance ethnique».

Le Premier ministre avait alors précisé que son gouvernement, en tant que gouvernement responsable, était venu de l'avant avec ce projet de réforme où le BLS existant serait totalement aboli. Mais qu'il avait bien pris le soin de s'assurer que «tous les composants de notre nation arc-en-ciel» soient représentés à l'Assemblée à travers un mécanisme. Six à dix sièges seraient réservés pour que les leaders repêchent des candidats de leur parti. Cependant, contrairement au système actuel, au lieu d'une condition légale basée sur la communauté, ce serait aux leaders des partis de s'assurer que les candidats qu'ils choisissent remplissent les conditions des critères ethniques.

Imperfection du système

Par la suite, il avait défendu au Parlement son projet de réforme constitutionnel et le BLS avait été malmené. Dans son discours, s'appuyant lourdement sur les nombreuses affaires constitutionnelles de ReA devant les instances judiciaires nationales et internationales, il avait parlé de la nécessité «d'en finir avec la déclaration ethnique obligatoire pour la nomination d'un candidat pour les élections». Dans la foulée,Pravind Jugnauth avait qualifié la catégorisation de la population en quatre communautés pour les besoins du BLS d'«imperfection» du système électoral.

Imperfection du système

Par la suite, il avait défendu au Parlement son projet de réforme constitutionnel et le BLS avait été malmené. Dans son discours, s'appuyant lourdement sur les nombreuses affaires constitutionnelles de ReA devant les instances judiciaires nationales et internationales, il avait parlé de la nécessité «d'en finir avec la déclaration ethnique obligatoire pour la nomination d'un candidat pour les élections». Dans la foulée, Pravind Jugnauth avait qualifié la catégorisation de la population en quatre communautés pour les besoins du BLS d'«imperfection» du système électoral.

À ce sujet, Pravind Jugnauth avait affirmé que beaucoup de Mauriciens «ne peuvent pas et ne souhaitent pas» être catégorisés dans l'une des quatre communautés et que de toute façon «après 50 ans d'indépendance, notre pays et notre peuple méritait mieux». Pour lui,«le BLS avait depuis longtemps perdu sa pertinence» et que tous les rapports d'experts étaient en faveur de son abolition, d'où sa proposition de réforme. D'ailleurs, il avait même affirmé que ce système n'aurait qu'un impact limité sur la représentation de toutes les composantes de la population.

Les partis de l'opposition n'avaient pas apporté leur soutien au projet de loi pour diverses raisons et il n'avait donc pas été soumis au vote. Dans son summing-up le 11 décembre 2018, Pravind Jugnauth avait,encore une fois, fustigé le BLS. Face à un Xavier-Luc Duval, qui demandait un nouveau recensement ethnique, Pravind Jugnauth lui avait demandé comment procéder si quelqu'un répond qu'il est simplement un Mauricien.

Dans ce discours, il avait cité la Law Reform Commission qui, dans un rapport datant de 2014, avait exprimé son accord avec le Professeur de Smith, qui avait agi comme le Commissaire constitutionnel, lorsqu'il avait dit, en 1964, que la constitutionnalisation de la représentation communautaire allait renforcer le communalisme et que la déclaration ethnique était contre la dignité humaine.

Pravind Jugnauth avait aussi rappelé les fois où Paul Bérenger et sir Gaëtan Duval s'étaient prononcé contre le BLS. Concernant les nombreuses affaires légales passées, il avait rappelé à l'Assemblée que la Cour avait, à plusieurs reprises, statué qu'il était très difficile de définir la communauté d'un individu *«par rapport à son mode de vie»

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