Ayant rejoint le Ralliement Citoyen pour la Patrie, il y a huit ans, elle a gravi les échelons, est la présidente de ce parti, qui existe depuis 2012, et elle a participé à au moins cinq élections. Cependant, c'est la première fois qu'elle se présente en tant que candidate. Lors des prochaines élections, elle sera candidate de Linion Reform dans la circonscription no 7. Dans cette interview, elle partage les valeurs qui guident son action politique ainsi que sa vision pour l'avenir du pays.
Vous êtes la présidente de Ralliement Citoyen pour la Patrie, membre de Linion Moris et maintenant dans Linion Reform qui a intégré le parti de Roshi Bhadain. Qu'est-ce qui explique cette décision ?
Comme on nous l'a souvent dit, nous, les politiciens, avons trop d'ego. Il est donc important de mettre nos egos de côté pour constituer un gros bloc. Le Ralliement Citoyen pour la Patrie a rejoint Linion Moris il y a environ un an, au moment de sa formation, qui comptait initialement six partis et aujourd'hui en regroupe neuf. Ensuite, le Reform Party nous a rejoints.
Vous estimez que vous aurez plus de voix en rejoignant cette alliance ?
Il n'est pas question de voix. Au Ralliement Citoyen pour la Patrie, nous avons une idéologie et des valeurs démocratiques et, personnellement, je mène un combat. La question d'obtenir plus de voix n'est pas un intérêt immédiat. Je mène un combat et je sais où je vais. Concernant le fait de rejoindre différentes formations politiques, c'est dans le but de constituer un gros bloc capable de briser les dynasties. C'est ça l'objectif : faire de notre pays un véritable pays démocratique et non dynastique.
Cela ne vous gêne pas d'être aux côtés de deux anciens membres du MSM ?
Ce sont des dissidents du MSM. Je veux dire qu'ils ne sont pas d'accord avec la ligne politique du parti et l'ont quitté. Que ce soit au Parti travailliste (PTr) ou au MMM, je crois qu'on retrouve un vrai pot-pourri de personnes venant du MSM. Je crois qu'au lieu de regarder ce qui se passe chez nous, ils devraient balayer devant leur propre porte.
Que répondez-vous à ceux qui accusent Bhadain d'avoir refusé de s'allier à Bruneau Laurette alors qu'il a dit oui à Bodha, pour des raisons communales ?
Quand on a envie de rejeter la faute sur quelqu'un, on finit par trouver des prétextes communaux. Personnellement, je ne suis pas très au courant de ce qui s'est passé entre Roshi Bhadain et Bruneau Laurette concernant les accords, ni Linion non plus. Je ne veux pas me baser sur des rumeurs ou qu'en-dira-ton des uns et des autres. Surtout, je ne veux pas m'abaisser à entrer dans cette bassesse du communautarisme. Je me base uniquement sur les faits, pas sur les qu'en-dira-t-on.
Un Premier ministre qui n'est pas Vaish, est-ce possible en 2024 ?
Absolument. Tout est possible. Quand on dit sistem bizin sanze, ce n'est pas la première fois qu'on met quelqu'un qui n'est pas d'origine vaish à la tête du pays. Nous avons déjà brisé ce système. Si ce n'était pas possible, pourquoi aurions-nous constitué ce gros bloc ? L'exemple type est celui de Barack Obama, qui a été président des États-Unis. Je pense que, 10 ou 20 ans auparavant, on aurait dit que cela ne pouvait pas se produire, et pourtant c'est arrivé. Grâce à l'ouverture de Barack Obama, peut-être que demain il y aura une présidente issue de l'immigration indienne, comme Kamala Harris. Une fois qu'on a brisé l'armure, tout devient possible. Tout est possible dans la vie. Je crois que les exemples de Barack Obama et Kamala Harris montrent que c'est tout à fait possible chez nous.
Que propose votre alliance par rapport à la prolifération de la drogue ?
Concernant la prolifération de la drogue, je constate souvent que la police arrête des petits trafiquants. Au sein de Linion Reform, nous allons plutôt cibler les parrains de cette économie parallèle souterraine. Cela créera un effet domino sur les petits dealers. Il est également crucial de mettre en place des mesures de prévention dès l'école primaire. À Maurice, nous avons des enfants impliqués ; des élèves d'école primaire transportent de la drogue dans leur cartable, devenant ainsi des convoyeurs. Les petits dealers seront arrêtés et jugés pour leurs actes, mais nous allons surtout cibler et attaquer les grands parrains.
Et la vie chère ?
Concernant la vie chère, il faut donner plus de pouvoir d'achat aux gens. Cela passe par la création d'emplois. Nous allons réindustrialiser bon nombre de nos secteurs délaissés, car nous avons de nombreux produits locaux que nous n'exploitons pas suffisamment. Nous importons 80 % de nos produits, ce qui fait que leur prix est très élevé avec les taxes. Nous devons privilégier les produits locaux et nous diriger vers une économie circulaire. Il est important d'essayer de produire chez nous et de réindustrialiser plusieurs secteurs, notamment l'économie bleue, au lieu de confier cette tâche à des pays étrangers qui exploitent notre territoire. C'est à nous de l'exploiter et de donner du pouvoir d'achat aux Mauriciens. Il existe d'autres moyens d'augmenter le pouvoir d'achat, mais cela en fait partie. Il est essentiel d'augmenter la productivité et de réindustrialiser notre économie locale.
Un dernier mot...
Je souhaite dire qu'auparavant, les Mauriciens n'avaient pas le choix. Ils n'avaient que deux blocs parmi lesquels choisir. Aujourd'hui, nous offrons aux Mauriciens la chance de leur vie de changer le destin de leurs enfants.
Bio
Padma Utchanah, 48 ans, mariée et mère de trois enfants, réside à Belle-Vue-Maurel. Avec son époux et ses enfants, elle gère une petite entreprise familiale, avec plusieurs appartements à Paris. Pour elle, la politique habite chacun d'entre nous au quotidien, car tout ce que nous faisons a une dimension politique. Elle souligne que l'éducation de nos enfants est déterminée par les décisions des dirigeants à travers les lois. Pour elle, la politique est ancrée dans son ADN, car elle n'aime pas les injustices. Après avoir consacré sa vie à sa famille, Padma souhaite maintenant s'engager pleinement dans la vie politique, ce qu'elle a toujours voulu faire.