Cote d'Ivoire: Ouattara jusqu'au bout du mandat

21 Octobre 2024
analyse

A quatre-vingt-deux ans aujourd’hui, le Président Alassane Ouattara dont la candidature pour un quatrième mandat reste plus que probable, semble vouloir aller jusqu’au bout de son mandat, observant le jeu politique et ses inclinaisons au gré des mouvements des acteurs.

Le jeu reste cependant très ouvert, avec des velléités des regroupements, voire d’alliance sans toutefois dégager des tendances lourdes.  Le Président Ouattara quant à lui, semble s’inscrire dans une sorte de rattrapage du temps perdu, qui laisse croire à une volonté de boucler certains dossiers longtemps différés, comme la question de la monnaie ECO pour laquelle Ouattara lui-même avait pris des initiatives au niveau de l’UEMOA, avec le Président Macron, lesquelles n’avaient pas été bien accueillies par ses homologues de la CEDEAO.

Il semble aujourd’hui que le Président Ivoirien veuille laisser un legs de taille à la communauté ouest Africaine d’où le coup d’accélérateur qu’il vient de donner, en se tournant vers son voisin Nana Akufo Addo à l’occasion du premier sommet des chefs d’Etats de l’accord de partenariat stratégique (APS) entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui est hors zone UEMOA.

En terme d’engagement, Alassane Ouattara déclare en effet, travailler « pour que l’année prochaine, ou en 2026 au plus tard, pour réaliser les critères de convergence pour mettre en place l’ECO ».  Doit–on y voir une projection personnelle sur les 5 prochaines années ? En tout cas ses partisans sont déjà sur le terrain pour les opérations de révision des listes électorales.

Toutefois, des points critiques voire conflictogènes subsistent pour cette présidentielle. Ils sont liés d’une part, à la candidature de Laurent Gbagbo récemment investi par son nouveau parti le PPA-CI pour briguer la magistrature suprême de la Côte d’ivoire et qui, d’après le président de la CEI, est inéligible. D’autre part, celle de Guillaume Soro, ancien président de l’Assemblée nationale aujourd’hui en exile, dont le nom ne figure pas dans le fichier électoral lui aussi.

Comment régler la question éminemment politique de l’inéligibilité supposée de Gbagbo et de Soro ? Voilà la question centrale de laquelle dépendra la tenue d’une élection présidentielle démocratique et inclusive, qui épargnera le pays de Houphouët Boigny des soubresauts qu’il a connu dans un passé récent.

En effet, il sera difficile de faire accepter une non-candidature du Président du PPA-CI, qui a été acquitté de crimes graves par la Cour pénale Internationale (CPI), au motif qu’il a été condamné dans le même temps comme chef d’état à 20 ans de prisons pour un « braquage » des Caisses de la BCEAO à Bouaké, devant des juridictions de droit commun. Et en revanche de poser sur la table, la candidature de Ouattara à un 4ème mandat.

Enfin, l’autre point critique soulevé aujourd’hui, est le flou entretenu à dessein autour de la Constitution Ivoirienne, qui d’ailleurs n’est pas nouveau. Déjà, il a fait l’objet d’une vive controverse sur la candidature du président Ouattara à un 3ème mandat pour cas de force majeure, alors que la Constitution elle-même disposait que la durée du mandat était de 5 ans renouvelable une seule fois.

Bref chacun interprète à sa manière une disposition qui a le mérite d’être claire.

Pendant ce temps, la Côte d’ivoire s’engage dans une longue controverse qui élude les préoccupations de l’heure, mais également trace à grands sillons les lignes de la bipolarisation entre adversaires d’hier, pour ne pas dire les lignes de fractures. Le processus se poursuit et Alassane Ouattara déroule, tandis que les autres affutent leurs stratégies... leurs « armes ».

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