Le combat contre l'ennemi implique, d'abord, une connaissance exhaustive de ses caractéristiques, notamment ses points de force et ceux de faiblesse. Le cancer -- cette maladie qui continue à intriguer les systèmes mondiaux de santé et qui ébranle la sérénité de tant de familles, tant en Tunisie qu'à travers le monde -- a su se plier face à la science pour devenir, non plus une maladie mortelle mais plutôt une maladie chronique, sinon parfaitement curable. Néanmoins, pour savoir la maîtriser afin de mieux la combattre, il faudrait la connaître, l'accepter et la traiter en prenant soin d'éviter les facteurs endogènes et autres exogènes qui lui sont propices et complices.
Aussi, et afin de mettre l'assistance dans le bain, le Pr Nesrine Chraït Khayati, oncologue, exerçant au Centre national de cancérologie Salah Azaïez à Tunis, a-t-elle simplifié tout le processus de la maladie, depuis la mutation cellulaire jusqu'aux traitements.
En effet, l'organisme humain ne compte pas moins de deux cents types de cellules. Le renouvellement cellulaire s'opère via l'autodestruction des vieilles cellules et l'apparition de nouvelles. Or, à défaut de ce système, les anticorps se trouvent dans l'obligation de détruire les vieilles cellules, d'où le déséquilibre. Faisant preuve de résistance, certaines deviennent rebelles. Elles se multiplient pour former des tumeurs, bénignes soient-elles ou malignes. « Il faut savoir qu'une masse tumorale d'un centimètre de diamètre comprend pas moins de cent mille cellules. D'où l'importance du dépistage précoce qui a pour mission de prévenir cette évolution », souligne le Pr Khayati.
Facteurs de risque
Une fois formée, la tumeur s'accole à un vaisseau sanguin pour s'y nourrir. Puis, elle s'y installe et commence par s'attaquer via les cellules cancéreuses aux organes. Le cancer du sein en privilégie quatre, à savoir l'os, le cerveau, les poumons et le foie. Il convient, en outre, d'attirer l'attention sur les facteurs qui lui sont favorables et qui, à défaut de prévention à temps, risqueraient d'accélérer son évolution. Parmi lesdits facteurs figurent ceux exogènes, soit extérieurs au corps humain, dont la malbouffe, la pollution, la sédentarité, le vieillissement, le tabagisme et l'alcoolisme.
Quant aux facteurs endogènes, ce sont essentiellement des facteurs hormonaux et génétiques. « Les femmes qui sont sujettes à la fois à une puberté précoce et une ménopause tardive, celles qui n'ont pas enfanté ainsi que celles obèses présentent des taux hormonaux élevés, chose qui favorise le cancer du sein. Le facteur génétique, poursuit la spécialiste, concerne 5% des malades du cancer du sein et du cancer ovarien. Sauf que, dans le cas d'un terrain génétique favorable, un bilan sanguin en guise de dépistage précoce est à même de trancher sur la présence ou non du gène mutant ».
90% y survivent !
Cela dit, tous ces facteurs convergent vers l'évolution de la prévalence du cancer du sein, aussi bien à l'échelle mondiale que celle nationale ; soit une femme sur huit. Dans notre pays, cette maladie correspond à 30% des cancers touchant la femme. Certes, 10% des femmes atteintes n'y survivent pas. En revanche, 90% d'entre elles franchissent le cap. Aussi, pour faire partie des survivantes, les femmes sont-elles appelées à s'adonner au rituel du dépistage précoce en faisant un examen par mammographie, une fois tous les deux ans, et ce, de 40 ans jusqu'à l'âge de 70 ans.
Chirurgie et thérapies
S'agissant du protocole thérapeutique, il comprend, avant toute chose, une ablation du sein afin de s'assurer que la tumeur ou les tumeurs localisées au sein ont, bel et bien, été enlevées. L'ablation des lymphes s'avère nécessaire parfois pour entraver la prolifération des éventuelles cellules cancéreuses. Le traitement par chirurgie doit, nécessairement, être complété par une radiothérapie afin d'éradiquer d'éventuelles cellules restantes.
La chimiothérapie a pour finalité de traiter la totalité des cellules. Cela dit, il existe, de nos jours, un traitement ciblé qui ne s'attaque qu'aux cellules cancéreuses. Le traitement immunitaire, quant à lui, agit selon les résultats d'un bilan permettant de repérer la présence de récepteurs relatifs aux cellules cancéreuses. Enfin, le traitement hormonal est recommandé pour une durée allant de cinq à sept ans.