Madagascar: Débats à huis clos sur l'achat de véhicules 4x4 pour les 163 députés

Drôle de semaine de rentrée à l'Assemblée nationale malgache. L'ouverture de la session budgétaire au Parlement a démarré par des débats enflammés sur des sujets internes : à savoir, l'acquisition de 4x4 pour les 163 députés fraîchement élus ou réélus.

Des discussions qui ont eu lieu à huis clos entre les représentants du peuple et la ministre de l'Économie et des Finances, et qui se sont soldées par la promesse d'un achat de 4x4 pour chacun des élus. La société civile, déplore, une nouvelle fois, l'absence de transparence dans ces échanges.

Dans la majorité des cas, lorsque les députés malgaches réclament un huis clos, c'est qu'il s'agit de parler finances et avantages qui les concernent directement. Le cas de cette semaine n'y a pas fait exception. Il a donc été acté que les véhicules 4x4 réclamés se feront sous forme d'un achat en leasing d'une durée de cinq ans, comme leur mandat parlementaire, auprès d'un concessionnaire de l'île (le nom du concessionnaire n'a pas été dévoilé).

Les montants à rembourser chaque mois seront ponctionnés sur les crédits carburant des députés. Des tractations qui n'ont pas manqué de faire réagir la société civile. Hony Radert est la secrétaire générale du CCOC, le Collectif des citoyens et des organisations citoyennes: « À chaque nouvelle législature, la question des 4x4 pour les députés revient sur le tapis. Nous sommes tout à fait conscients que, compte tenu de l'état des routes, les députés ont besoin de véhicules tout-terrain pour pouvoir se déplacer dans certaines zones de Madagascar. Mais là, il s'agit de remettre aussi sur la table le rôle des députés qui est de préserver les finances de l'État, les finances des citoyens. Il s'agit donc déjà de faire un état des lieux de ce que sont devenus les anciens 4x4 utilisés par les précédents députés. Car il n'y a aucune raison pour que l'on doive renouveler à chaque législature ce parc automobile. »

« Y a-t-il des choses à cacher aux citoyens ? »

Pour la société civile, il s'agit de questions de transparence et de redevabilité des députés, qui doivent être un « exemple en la matière », insiste Hony Radert. Et donc, poursuit-il, « quelle est la nécessité de parler en huis clos des avantages ? Y a-t-il des choses à cacher aux citoyens ? Au contraire, ce sont des choses qui doivent être transparentes, d'autant plus que les citoyens ont droit à cette transparence et ont droit de savoir combien on paye les députés et qu'est-ce qu'on obtient en retour de la part des députés. Compte tenu de la diligence que les députés ont exigé de l'exécutif par rapport à ces 4x4, on espère qu'ils auront la même volonté d'avoir plus d'explications, plus de comptes rendus par rapport aux problèmes d'eau, d'électricité qu'on subit aujourd'hui et puis aussi, surtout, par rapport au budget. »

Le projet de loi de finances 2025 devrait être déposé dès la semaine prochaine à l'Assemblée. La société civile espère de vrais débats de fond autour du budget et non un énième vote sans discussion.

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