Les Tchadiens commémorent, ce dimanche 20 octobre, le deuxième anniversaire du « jeudi noir », nom qu'ils donnent désormais à la sanglante répression des manifestations organisées il y a deux ans jour pour jour pour exiger le départ des militaires au pouvoir. Pour tous ceux qui y ont perdu un proche, l'événement reste un souvenir douloureux.
Un peu jaunie par le temps, la photo passe de main de main. Dessus, on peut y voir Pascal, l'une des 128 victimes de la sanglante répression qui s'est abattue sur les Tchadiens descendus dans la rue, le jeudi 20 octobre 2022, pour protester contre la prolongation de deux ans de la période de transition, selon les chiffres de la Commission nationale des droits de l'homme.
Quand il reçoit l'image, son jeune frère, Casimir, détourne le regard. Ce jour-là, l'un et l'autre manifestaient côte-à-côte quand les balles ont commencé à siffler. « Il a dit qu'il n'allait rien se passer, qu'on sortait et qu'on revenait. Puis, la police a lancé des bombes lacrymogènes, et comme il y avait beaucoup de monde, elle a fini par sortir les armes à feu », raconte-t-il.
« Son décès laisse un grand vide »
Quand il apprend le décès de Pascal, Casimir court le voir à l'hôpital. Mais « arrivés au niveau de l'hôpital américain, on s'est fait tirer dessus. J'ai vu un jeune se faire tuer devant moi à bout portant », poursuit-il. Alors que Pascal laisse une veuve et six orphelins à la charge de son frère, Casimir reprend : « Quand je vois les enfants, je pense à lui et ça me rend triste, ça me met très mal à l'aise. Son décès laisse un grand vide. »
Si le gouvernement, qui considère ces événements comme une insurrection, reconnaît que la répression a fait 73 morts, plus de 300 personnes auraient en fait été tuées lors de ce « jeudi noir », selon les organisateurs de la mobilisation.
En ce qui concerne l'évolution des droits de l'homme, on peut dire qu'au Tchad, la situation est encore pire qu'il y a deux ans.