Sénégal: Campagne législatives et Sénégalais du Liban - Un rapatriement politiquement opportun

Ousmane Sonko, leader du parti Pastef les Patriotes

L'armée israélienne n'arrête pas de pilonner les refuges, les caches d'armes et les tunnels présumés appartenir au Hamas et au Hezbollah à Gaza ainsi qu'au Liban. Des attaques avec leur lot d'énormes dégâts collatéraux sur les populations civiles. Mais le peuple palestinien et ses soutiens ne s'en laissent pas conter, même si la réalité du terrain ne laisse l'ombre d'aucun doute.

Tsahal inflige plus qu'il ne subit de pertes, et Benjamin Netanyahu fait la sourde oreille aux appels de la communauté internationale à un cessez-le-feu durable.

Face à l'escalade, beaucoup de pays ont rapatrié et continuent d'exfiltrer leurs ressortissants de Gaza et du Liban. En Afrique, après le Nigeria en début du mois courant, c'est le Sénégal qui a accueilli ce samedi 117 de ses concitoyens rapatriés du pays du cèdre. Un retour par la grande porte, peut-on dire, quand on sait que dans le comité d'accueil de ces émigrés infortunés, figuraient le président Diomaye Faye en personne et une bonne brochette de commis de l'Etat et du PASTEF, les patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité, parti au pouvoir.

A l'évidence, de l'affrètement de ce vol spécial aux déclarations du président Diomaye Faye dès l'aéroport, le pouvoir sénégalais a mis les petits plats dans les grands pour ce rapatriement et les perspectives d'intégration socio-économique des rapatriés dans leur pays d'origine. Là où un simple ministre aurait suffi à donner du relief à ce retour forcé, c'est le chef de l'Etat qui lui a donné un cachet particulier.

En effet, au lendemain de ce rapatriement, presque au même moment où atterrissait à Dakar le vol spécial en provenance de Beyrouth, le Premier ministre Ousmane Sonko ouvrait la campagne pour les législatives anticipées du parti au pouvoir. Dans un stade de football, devant 15 000 personnes, il a sollicité des Sénégalais "une majorité écrasante à l'Assemblée nationale le 17 novembre". Auparavant, dans la matinée, des manifestants dénonçaient dans la rue "les vies volées, les droits humains violés en toute impunité par Israël". De ces 3 évènements, il y a comme un agenda de communication bien calibré.

C'est connu, le Sénégal, d'une part est, un pays dont la population est en grande majorité musulmane et bien informée de l'interminable conflit israélo-palestinien ; d'autre part, de ses côtes partent des candidats à l'émigration, une aventure pas toujours couronnée de succès. Dès lors, ce rapatriement concomitant à l'ouverture de la campagne législative, pendant que des manifestants décriaient les attaques israéliennes dans les rues de Dakar, ne peut apparaître que comme un évènement qui tombe à pic. On attend de voir alors si les fruits des petits plats dans les grands mis dans ce rapatriement opportun tiendront la promesse de ses fleurs, en matière de suffrages, le 17 novembre prochain.

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