Saint-Louis — Des producteurs du Gandiol invitent les pouvoirs publics à saisir l'opportunité de la crue du fleuve Sénégal pour reverdir ce terroir traditionnel de la région de Saint-Louis, jadis réputé pour ses potentialités en maraîchage mais qui a depuis perdu l'essentiel de ses surfaces cultivables.
"Le Gandiolais, qui couvre une partie des communes de Rao, Gandon, Ndiébène Gandiol, Léona, etc. était jadis une zone maraichère mais il a perdu 90 pour cent de ses terres cultivables par les effets néfastes du barrage de Diama en 1986 et du canal de délestage en 2003", affirme Mamadou Lamine Diop, membre d'un collectif de producteurs de ce terroir traditionnel.
Il estime toutefois que ce problème "peut être résolu avec l'opportunité que constituent ces crues sur le fleuve Sénégal", en revitalisant d'anciennes surfaces cultivables.
Mamadou Lamine Diop s'entretenait avec une équipe de journalistes en déplacement dans la zone de ce canal de délestage, à hauteur de la commune de Rao, dans la région de Saint-Louis.
Ce canal qui part de Ndialalhar a été aménagé sur 8 km. Les producteurs souhaitent qu'il soit prolongé jusqu'à Leona.
Selon lui, les emplois indirects pouvant résulter de la revitalisation de certaines surfaces cultivables, ajoutés aux retombées des autres activités connexes, peuvent inciter les jeunes candidats à l'émigration clandestine à "renoncer à cette aventure".
Il s'y ajoute que cela "pourrait avoir des effets bénéfiques sur l'élevage avec la culture fourragère, la pêche et l'aquaculture", a-t-il indiqué.
"Nos jeunes sont à Kafountine pour évoluer dans le secteur de la pêche, et avec cette opportunité ils pourraient revenir", a-t-il ajouté.
El Hadj Niang, également producteur et membre du même collectif, a regretté que "par le passé, des promesses ont été faites de continuer ce canal jusqu'à Léona, mais jusqu'ici, rien n'a été fait, et aujourd'hui, le trop plein d'eau est perdu".
Or, affirment ces producteurs, prolonger ce canal de délestage "ne nécessite pas beaucoup d'ingéniosité, car la zone est un lit naturel du fleuve Sénégal".
"Il suffit juste de creuser quelques centimètres de profondeur et de couvrir la zone de 15 km reliant son point de chute actuelle à la zone maraichère", précise Cheikh Diop.
Cerise sur le gâteau, une telle opération contribuerait à renforcer le sentiment de sécurité chez es populations de Saint-Louis qui ne craindraient plus d'être envahies par les eaux du fleuve, selon ces producteurs.