Dimanche 20 octobre, le mouvement « Akamasoa », « les amis fidèles » en malgache, a fêté son 35e anniversaire à Madagascar. L'association a été fondée par le père Pedro, missionnaire argentin, figure du combat pour les plus démunis sur l'île. Dimanche, 30 000 spectateurs, dont le chef de l'État Andry Rajoelina, ont célébré la réussite d'un mouvement qui a permis, à travers la construction de villages dignes, à plus de 500 000 malgaches de sortir de la misère.
À travers un spectacle sensible et discipliné dans un stade en bordure de la capitale malgache, 7000 enfants du mouvement « Akamasoa » démontrent la force de leur communauté. Face à eux, les yeux bleus perçants du père Pedro se souviennent de là où tout a commencé : le choc, provoqué en 1989, après la rencontre de familles installées à même la décharge de la capitale. L'homme de 76 ans, infatigable, se tourne vers l'avenir.
« Il faut qu'on agisse plus vite. On ne peut pas être découragé face à des milliers de jeunes comme ça. Et cette pauvreté peut être vaincue. La preuve ici, à Andralanitra, c'était autrefois la décharge [de la capitale]. Aujourd'hui, vous avez vu ici un lieu d'épanouissement, un oasis d'espérance », lance-t-il.
« Une lutte de tous les jours » contre la pauvreté
Liva, 41 ans, est l'un des premiers bénéficiaires de l'association. Aujourd'hui directeur d'un collège Akamasoa à Antananarivo, lui et sa famille, résidente historique de la décharge, reviennent de loin.
« On connaît le goût de la pauvreté. Pour moi, pour ma famille, "Akamasoa", c'est le bras de Dieu qui nous a touché directement. À l'époque, on se battait avec les chiens et les cochons pour chercher de quoi manger dans la décharge. Mais à Madagascar malheureusement, le taux de pauvreté continue d'augmenter, donc je crois que nos dirigeants doivent chercher une nouvelle méthode », estime ce père de famille.
Sur l'île, 75% de la population vit avec moins d'un dollar par jour. Comme pour montrer l'éternelle urgence du combat, les enfants Akamasoa forment dans l'un des gradins du stade le mot « tolona », « lutte » en malgache. « Une lutte de tous les jours » commente alors l'un des animateurs de la cérémonie. « Une lutte, dit-il, que nous finirons par gagner. »