La Constitution d'un État constitue la clef de voûte de son édifice institutionnel. Elle consacre les principes fondamentaux qui régissent l'exercice du pouvoir, garantit les droits inaliénables des citoyens et définit les modalités de fonctionnement des institutions. Toutefois, en tant qu'oeuvre humaine, une Constitution ne saurait être figée dans le temps. Elle doit évoluer, s'adapter aux impératifs du présent et répondre aux transformations profondes de la société. C'est en cela que je m'associe pleinement au projet de révision constitutionnelle, et j'exhorte mes concitoyens gabonais à voter en faveur du « OUI ».
Cette réforme, loin d'être un simple artifice juridique, ambitionne de préserver les intérêts supérieurs de la Nation en instituant un cadre institutionnel plus juste, plus démocratique et plus transparent, à même de garantir la stabilité et le développement pérenne de notre pays.
La révision constitutionnelle dont il est question émane directement de la volonté du Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI), institué à la suite du coup de libération du 30 août. Cet événement, marquant une rupture historique, a mis fin à quatorze années d'arbitraires révisions constitutionnelles, qui ont profondément affaibli nos institutions et plongé notre pays dans une instabilité politique notoire.
Aujourd'hui, le CTRI s'emploie à restaurer l'État de droit et à réhabiliter les institutions, en leur rendant leur rôle légitime. La révision constitutionnelle proposée constitue ainsi une étape cruciale dans l'édification d'un cadre institutionnel solide, fondé sur les principes de justice, de démocratie et de transparence.
Néanmoins, il est à souligner que certaines figures publiques et leaders d'opinion appellent à rejeter cette révision, en incitant à voter « NON ». Ces mêmes personnalités, qui sont restées silencieuses face aux dérives institutionnelles passées, portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle de notre pays. Leur opposition semble davantage dictée par des intérêts égoïstes que par une véritable préoccupation pour l'intérêt général.
Il est donc impératif que le peuple souverain, dans sa pleine liberté, puisse décider de l'avenir du Gabon, sans être influencé par ceux qui, par leur passivité ou leur complicité tacite, ont contribué à l'affaiblissement de nos institutions. La révision constitutionnelle proposée doit être envisagée avec un esprit de responsabilité collective, afin de permettre la véritable régénération de notre nation.
Bien que la version finale de cette révision ne soit pas encore publiée, la démarche suivie, notamment à travers le Dialogue National Inclusif et les travaux du Parlement de la Transition, m'apporte une sérénité certaine. Ce processus, à la fois inclusif et rigoureux, témoigne d'une volonté sincère de refonder nos institutions sur des bases solides, offrant ainsi la garantie que les réformes envisagées répondront aux attentes légitimes du peuple et aux besoins cruciaux de notre pays.
Un Processus Rigoureux et Inclusif
Cette révision constitutionnelle est le fruit d'un processus méthodique et inclusif. Tout débuta avec le Dialogue National Inclusif, où les forces vives de la Nation - partis politiques, organisations de la société civile, et représentants des différentes régions - ont pu exprimer leurs opinions en vue de tracer les grandes lignes de l'avenir du pays. Les conclusions de ce dialogue ont ensuite été soumises au Parlement de la Transition, qui a examiné et débattu de ces propositions, aboutissant à l'adoption de 801 amendements. Ces ajustements visent à adapter la nouvelle Constitution aux réalités locales, tout en renforçant les institutions et en garantissant les droits des citoyens.
L'étape décisive à venir est le référendum populaire, où chaque citoyen sera appelé à se prononcer sur ces réformes. Ce processus inclusif garantit que cette Constitution ne sera pas imposée, mais qu'elle reflètera la volonté populaire et les aspirations profondes du peuple gabonais.
Ne Pas Confondre la Constitution avec la Personne du Président de la Transition
Il est impératif de rappeler que cette révision constitutionnelle ne doit en aucun cas être confondue avec la personne du Président de la Transition. Bien que son leadership ait permis d'initier ce processus de restauration institutionnelle, la finalité de cette révision est de préserver les intérêts supérieurs de la Nation. Il s'agit avant tout de garantir un cadre institutionnel stable et durable, offrant à la nation une base solide pour son avenir.
Ce texte fondamental transcende toute individualité politique et doit être évalué à l'aune de son ambition : protéger les générations futures en consolidant les fondations de la République.
Débats Légitimes sur la Durée du Mandat
L'article 52, qui traite de la durée du mandat présidentiel, a suscité des débats légitimes, marqués par les préoccupations de la société civile et de certains acteurs politiques. Ces discussions traduisent un désir profond de garantir un cadre institutionnel capable de prévenir tout abus de pouvoir. Toutefois, il convient de prendre en considération l'état de dégradation avancée du pays, après des années d'instabilité politique et d'affaiblissement institutionnel. Dans un tel contexte, un mandat de cinq ans pourrait s'avérer insuffisant pour entreprendre la reconstruction nécessaire du Gabon sur les plans politique, économique et social.
Le redressement du pays nécessite du temps, de la continuité et une vision à long terme. Il serait donc plus judicieux d'envisager un mandat présidentiel de sept ans. Une telle durée offrirait non seulement la stabilité indispensable, mais également le temps nécessaire pour mener à bien les réformes structurelles vitales à la refondation du pays. La restauration de l'État de droit, la réhabilitation des infrastructures, la relance économique et le renforcement des institutions exigent des efforts concertés sur une longue période, difficilement réalisables en seulement cinq ans. Un mandat de sept ans permettrait d'éviter les interruptions prématurées et garantirait une continuité des réformes entreprises pour le bien des citoyens.
L'Article 53 : Une Éligibilité Encadrée et Protectrice
Un autre point fondamental de cette révision constitutionnelle est l'article 53, qui encadre les conditions d'éligibilité à la fonction présidentielle. Cet article, à l'image de nombreuses grandes démocraties, impose des critères rigoureux, visant à protéger la fonction présidentielle et à éviter toute dérive. Ces dispositions garantissent que seuls les candidats répondant à des critères stricts de nationalité, de résidence et de probité morale puissent accéder à cette fonction. Il s'agit d'un garde-fou essentiel pour renforcer la démocratie gabonaise et prévenir les abus.
Protection de la Propriété Foncière Nationale : L'Article 13
L'article 13 de la révision constitutionnelle consacre la protection de la propriété foncière des citoyens gabonais. Ce texte stipule que l'acquisition d'un titre foncier est strictement réservée aux Gabonais, protégeant ainsi une ressource vitale contre les convoitises étrangères et garantissant que les terres nationales profitent directement à l'économie locale.
L'Article 58 : L'Instauration d'un Vice-président
L'introduction d'un poste de Vice-président, en vertu de l'article 58, constitue une innovation majeure de cette révision. Cette fonction, qui se substitue à celle de Premier ministre, s'accompagne de responsabilités exécutives clairement définies. Le Vice-président sera chargé d'assurer la continuité de l'action gouvernementale en l'absence du Président, renforçant ainsi la cohérence et l'efficacité du pouvoir exécutif.
L'Article 72 : Un Encadrement de la Dissolution de l'Assemblée Nationale
Enfin, l'article 72 encadre strictement le pouvoir de dissolution de l'Assemblée nationale par le Président. Cette prérogative, soumise à la consultation préalable des deux chambres du Parlement, vise à éviter les décisions arbitraires et à garantir que ce pouvoir soit exercé dans l'intérêt général.
Conclusion
Dire « OUI » à la révision constitutionnelle, c'est embrasser un avenir où notre Nation sera plus forte, mieux gouvernée et résolument tournée vers ses idéaux démocratiques. Après quatorze années de dérives constitutionnelles, le coup de libération du 30 août constitue un tournant historique vers la restauration d'un ordre politique légitime.
Cette révision est bien plus qu'un simple ajustement technique : c'est un véritable projet de société qui vise à reconstruire un cadre institutionnel solide, transparent et moderne, répondant aux besoins du peuple gabonais.
Le processus de réforme, fort du Dialogue National Inclusif et des amendements adoptés par le Parlement de la Transition, reflète la volonté collective de notre nation de progresser vers une gouvernance plus juste et plus équilibrée. Les réformes majeures, telles que l'instauration du poste de Vice-président, la protection de la propriété foncière, et l'encadrement de la dissolution de l'Assemblée nationale, renforcent les institutions et garantissent une meilleure transparence du pouvoir.
En votant « OUI », nous affirmons notre engagement pour une gouvernance responsable, moderne et tournée vers l'avenir, en offrant aux générations futures un cadre institutionnel garant de la paix, de la justice et du développement durable.
Conseiller spécial,
Chargé de mission du Président du la Transition,
Président de la République, Chef de l'Etat