Le Conseil de ministres, en sa séance hebdomadaire du 16 octobre 2024, a adopté le projet « Faso Mêbo », une Initiative présidentielle qui vise principalement à accélérer le désenclavement des villes et des campagnes et à embellir les centres urbains.
Pour y parvenir, le gouvernement entend mettre sur pied des brigades publiques des infrastructures routières pour réaliser des voies à moindre coût et cela, en tirant le maximum de profit des matériaux locaux dont regorge le pays. En attendant de voir comment ce dispositif sera mis en place et quels sont les résultats en bout de piste, l'on peut déjà se féliciter de la vision de l'Exécutif. Car c'est connu : la route du développement passe par le développement de la route. Or, en la matière, sans être le dernier de la classe, le Burkina Faso accuse un grand retard.
Sur un réseau routier de 15 000 km, les voies bitumées sont estimées à seulement 4 000 km. Et certaines de ces voies bitumées ne le sont que de nom au regard de l'état très avancé de leur dégradation. Pour un pays entièrement enclavé, cette situation est lourde de conséquences. Non seulement, elle entrave la fluidité de la circulation des biens et des personnes avec d'énormes répercussions sur les coûts mais aussi elle ne permet pas au pays de tirer profit de tout le potentiel économique de sa situation géographique au cœur de l'Afrique de l'Ouest.
A qui la faute, pourrait-on demander ? Sans donner l'absolution aux régimes successifs qui se sont relayés à la tête de l'Etat burkinabè depuis les indépendances pour leur manque de vision et la gestion parfois chaotique des finances publiques, l'on peut indexer très objectivement le cout élevé de la construction des routes.
Ce coût très élevé de la construction des voies, a très souvent poussé les autorités étatiques à se tourner vers les financements extérieurs, reposant du même le développement des voies de communication sur les bailleurs de fonds étrangers, tout en le soumettant à leurs conditionnalités. Selon les estimations, le km de bitume réalisé par les entreprises privées s'établit entre 500 millions et 1 milliard de F CFA. Il fallait trouver donc un mécanisme alternatif à ces coûts hors de portée et c'est en ce sens que la mise en place de l'Initiative présidentielle est la bienvenue.
Car, non seulement elle permet d'exploiter les ressources locales pour amoindrir les prix mais aussi elle valorise l'expertise locale tout en diminuant la dépendance du pays vis-à-vis de l'extérieur. Et sans doute, elle sera accompagnée par une forte création d'emplois pour la jeunesse du pays. Et si les résultats sont au rendez-vous, elle insufflera une nouvelle dynamique économique au pays à travers le développement du secteur des transports et des échanges.
Quant à la composante 2 de l'initiative qui vise l'embellissement des villes, elle est aussi à saluer. Les villes burkinabè qui s'étalent à perte de vue, en dehors des centres-villes et de certains quartiers huppés, manquent de coquetterie : absence ou insuffisance de monuments, rues mal aménagées et mal assainies, défauts d'éclairages, insalubrités en tout genre, etc.
Et tout cela a un impact certain sur la qualité de vie des citadins qui se partagent l'insécurité routière et les agressions de toutes sortes, les maladies, etc. Et l'on passe sous silence l'image même du pays qui s'en trouve écornée. Il fallait donc impulser une nouvelle dynamique à l'aménagement urbain. Cela dit, si le bien-fondé de cette nouvelle Initiative présidentielle n'est donc plus à démontrer, l'on peut cependant craindre qu'elle ne tue le secteur privé qui opère dans le domaine de la route.
Or, l'apport de ce secteur au dynamisme économique du pays est d'une importance capitale. Par ailleurs, les travaux d'embellissement des villes doivent être accompagnés par une forte éducation des populations dont les comportements inciviques sont à l'origine des dégradations de certains ouvrages.