Le Mozambique connait une période post-électorale très tendue. Alors que ce pays d'Afrique de l'Est attend les résultats définitifs des élections présidentielle et législatives du 9 octobre dernier, deux proches du leader de l'opposition, Venâncio Mondlane, ont été abattus à Maputo, la semaine dernière.
Des assaillants ont réduit au silence, son avocat, Elvino Dias, qui s'apprêtait à déposer une plainte pour fraudes et un représentant de son parti, le PODEMOS, en l'occurrence Paulo Guambe.
Ce double meurtre met davantage les nerfs à rude épreuve, puisqu'une certaine agitation se faisait déjà sentir, à l'approche de la proclamation des résultats définitifs des élections générales prévues pour le 24 octobre prochain. L'assassinat des deux proches de Venâncio Mondlane met incontestablement à mal la cohésion sociale dans un contexte hautement sensible en Mozambique.
Alors qu'à priori, il n'y avait pas de quoi s'alarmer, en dehors des traditionnelles contestations et dénonciations de cas de fraude, connues généralement en périodes électorales. Sauf cas de force majeure, le FRELIMO, parti au pouvoir depuis l'accession à l'indépendance du pays en 1975, sera déclaré vainqueur des élections générales. Il avait dominé les résultats provisoires en se plaçant en tête des 11 provinces du pays et on ne voit pas comment son sort peut se jouer autrement.
Tout semble marcher comme sur des roulettes pour le FRELIMO, mais la disparition de l'avocat et du responsable du PADEMOS va davantage fragiliser son image. L'opposant Venâncio Mondlane se sent personnellement viser par le double meurtre et ne rechigne pas à pointer du doigt l'indéboulonnable régime en place. Le FRELIMO a beau qualifier la disparition des deux hommes d'« acte macabre », dans le rang de PODEMOS et d'autres opposants, beaucoup croit savoir que le crime profite au pouvoir en place, en attendant que la justice apporte la lumière.
Cette lecture de la situation peut tout de même se justifier, surtout que les deux victimes étaient aussi engagées dans le combat pour la transparence dans l'organisation des élections générales comme leur leader. Venâncio Mondlane, qui a dénoncé des fraudes profitant au FRELIMO tout en appelant ses partisans à manifester, n'a-t-il pas proclamé sa victoire à la présidentielle ?
Si l'attitude du principal opposant peut être objet de débat, il faut déplorer le fait que les assassinats en période électorale soit une triste réalité en Mozambique. Respectivement en 2019 et 2023, un observateur et un journaliste avaient été tués dans les mêmes conditions. Ces meurtres ont manifestement pour but d'intimider des personnes qui exigent la transparence dans les opérations de vote. Ce mode opératoire, déployé tapis dans l'ombre par on ne sait qui, n'honore pas la démocratie mozambicaine. Encore moins le FRELIMO, qui tient les rênes du pays depuis un demi-siècle.