Madagascar: Élections municipales - La pré-campagne bat son plein

La plupart des candidats aux élections municipales à Antananarivo sont entrés en pré-campagne depuis quelques jours. Descente aux marchés, débats télévisés, communiqués dans les journaux, tours des arrondissements, tous les moyens sont bons pour séduire les électeurs.

Les hostilités sont ouvertes. Comme à chaque élection depuis plusieurs années, les candidats aux élections municipales et communales profitent du vide juridique autour de la pré-campagne pour prendre de l'avance dans leur opération de charme envers les électeurs. Les prétendants à la magistrature d'Antananarivo n'y dérogent pas.

À chacun son style. La plupart des candidats à la mairie d'Antananarivo s'engagent de plain-pied dans la campagne avant l'heure, se gardant juste de dire pour qui voter ou de dire "votez pour moi", et en gardant en réserve pour la vraie campagne les meetings et grands carnavals électoraux. L'argument mis en avant pour justifier ce faux départ est "faire connaître notre candidature à la population et écouter leurs attentes".

Dans cette pré-campagne, quatre des sept prétendants à devenir l'édile de la ville des mille sont les plus en vue. L'une des formules les plus prisées est la "foule contact", par des descentes sur le terrain. Une façon de jauger directement sa côte de popularité, mais aussi de prendre un ascendant psychologique sur ses concurrents. À ce jeu, le candidat Tojo Ravalomanana a une longueur d'avance.

Depuis le début de la semaine dernière, le candidat de substitution de la liste Firaisankina sillonne les quartiers des six arrondissements d'Antananarivo. Des descentes sur le terrain durant lesquelles il est chaperonné par son père, Marc Ravalomanana, président national du parti "Tiako i Madagasikara" (TIM).

Pour le porte-étendard du Firaisankina, les tee-shirts à son effigie, floqués de son numéro sur la liste électorale, ainsi que de la mention "Zanak'i Dada", ou le fils du père, sont de sortie à chaque descente sur le terrain. Pour le candidat Ravalomanana, "fils", le principal atout est d'être adoubé par son père. Lui et ses partisans ont visiblement l'intention de jouer cette carte à fond.

Depuis samedi, le candidat O'Gascar Fenosoa Mandrindrarivony a lui aussi démarré l'opération "foule contact" dans les rues marchandes du premier arrondissement de la capitale. Le député et ses partisans ont également sorti les tee-shirts. Dans son marketing politique, le membre de l'Assemblée nationale met en avant le soutien d'un ancien candidat d'un télé-crochet organisé par une station privée de la capitale.

Recul stratégique

La présence dans les médias reste incontournable dans les joutes électorales. Les demandes de couverture ou de publication pour chaque descente sur le terrain ou apparition des candidats affluent dans les rédactions. En cette période de pré-campagne, c'est la scène médiatique que privilégie visiblement le candidat Tahina Razafinjoelina. Propriétaire d'un groupe de presse, le porte-fanion de la liste "Tia Tanindrazana" enchaîne les émissions spéciales et la publication d'articles propagandistes.

Voulant vraisemblablement être présent sur tous les supports, le candidat Tojo Ravalomanana est le premier à lancer la course aux insertions médiatiques payantes, avec un communiqué remis aux services commerciaux de plusieurs journaux vendredi. Le candidat NdrianaRazanamasy a lui aussi choisi une sortie médiatique, par le biais d'une conférence de presse, vendredi, pour démarrer sa pré-campagne.

À l'ère de la communication 2.0, les réseaux sociaux, notamment Facebook, sont largement mis à contribution pour montrer les candidats sous leur meilleur jour. Quasiment tous les prétendants à la mairie d'Antananarivo y sont présents. Les "community managers" essaient de fournir du contenu quotidiennement aux "followers" de leur candidat.

Le moindre sourire échangé avec un électeur potentiel, une poignée de main, une accolade, chaque présence à un événement, chaque rencontre, est bon à prendre et à publier sur les réseaux sociaux. Discret sur le terrain et dans les médias, c'est sur sa page Facebook que le candidat Roindefo Monja, par exemple, essaie de se faire une place dans cette pré-campagne. En termes de nombre de publications, il est toutefois devancé par les candidats précités.

Dans cette campagne avant l'heure pour la conquête de la magistrature de la capitale, deux candidats sont, par ailleurs, absents des radars. Du côté du candidat Joseph Martin Randriamampionona, c'est le silence radio depuis qu'il a complété son dossier de candidature, le 26 septembre. Pareillement pour la candidate Harilala Ramanantsoa, qui n'a plus fait acte de présence sur la scène publique depuis qu'elle a quitté la présidence de la délégation spéciale d'Antananarivo.

Le silence du porte-étendard de la coalition au pouvoir, Irmar, intrigue. Selon les explications de ses proches collaborateurs, "après avoir tout donné dans la conduite des affaires de la capitale, elle [la candidate Ramanantsoa] opère un recul stratégique et affûte sa stratégie et ses armes politiques". Il est probable que la candidate des Orange table aussi sur "ses actions" durant le mois qu'elle a passé à la tête d'Antananarivo, comme l'assainissement des marchés et la réfection des routes, pour convaincre les électeurs.

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