Addis Ababa — Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a souligné, lors de la 8ème Conférence annuelle UA-ONU, la nécessité d'une architecture financière mondiale réformée qui réponde aux besoins de développement de l'Afrique.
Lors de la conférence, les deux organes ont passé en revue les activités visant à renforcer la coopération entre l'Union africaine et les Nations Unies dans des domaines tels que la paix, la sécurité, les droits de l'homme et le développement durable.
M. Guterres a mis l'accent sur les inégalités qui existent depuis longtemps dans le système financier mondial, soulignant qu'elles ont historiquement désavantagé les pays africains.
"Pour la première fois, il est reconnu que nous vivons dans un système économique et financier inefficace et injuste, en particulier à l'égard du continent africain", a déclaré M. Guterres.
Il a souligné que le système financier, profondément enraciné dans l'héritage colonial, a été conçu pour bénéficier aux anciennes puissances coloniales tout en laissant les pays africains avec des économies déformées.
Le Secrétaire général a également noté les défis croissants auxquels sont confrontées les nations africaines, tels que l'impact de la pandémie du COVID-19, l'inflation exacerbée par la guerre en Ukraine, et le fardeau écrasant de la dette.
Malgré la richesse de ses ressources, M. Guterres a souligné que l'Afrique reste soumise à des contraintes économiques et n'a pas accès à des financements concessionnels adéquats, ce qui entrave sa capacité à investir dans le développement durable et l'adaptation au changement climatique.
Soulignant la nécessité de réformer le système financier international, M. Guterres a appelé à "donner plus de voix et de pouvoir aux pays en développement, en particulier aux nations africaines" au sein des institutions financières mondiales.
Il a exprimé son optimisme quant au fait que le récent Sommet de l'avenir a jeté les bases de la mobilisation des ressources, y compris la stimulation des objectifs de développement durable (ODD), afin de réduire la dette et de créer des opportunités de croissance durable.
Le président de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, s'est fait l'écho de ces préoccupations, soulignant les progrès significatifs accomplis dans la coopération UA-ONU sous la direction de M. Guterres.
M. Mahamat a salué l'engagement des Nations unies à placer l'Afrique au premier plan du processus décisionnel mondial.
Toutefois, il a souligné que l'Afrique est toujours en proie à des difficultés économiques et a appelé à la poursuite des efforts de réforme au sein du Conseil de sécurité de l'ONU et des institutions financières mondiales.
Un autre thème clé de la conférence était l'inclusion de l'Afrique dans la conversation mondiale sur l'intelligence artificielle (IA).
À cet égard, M. Guterres a souligné l'importance de veiller à ce que l'IA devienne un outil de développement plutôt qu'une source d'inégalité.
"Nous sommes déterminés à assurer une forte présence africaine dans le dialogue politique sur l'intelligence artificielle", a-t-il déclaré, ajoutant que le continent, qui abrite une population jeune et des jeunes scientifiques en plein essor, devrait être à l'avant-garde de l'innovation en matière d'intelligence artificielle.
Le Secrétaire général a également annoncé la création d'un groupe de travail conjoint entre la Commission économique pour l'Afrique, l'Union africaine et les Nations Unies afin de réduire la fracture numérique.
Selon M. Guterres, il s'agit de faire en sorte que l'IA soit un vecteur de développement, permettant aux pays africains de "rattraper leur retard" et d'accélérer leur progrès économique.
S'exprimant sur la représentation africaine au Conseil de sécurité des Nations unies, M. Guterres a réitéré le consensus international croissant sur la nécessité d'une réforme, soulignant que l'Afrique doit disposer d'un siège permanent à la table des décisions.
"Les États membres s'accordent désormais sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité, et l'un des aspects essentiels de cette réforme est la présence de deux membres africains en tant que membres permanents", a-t-il déclaré.
Il a souligné que cette réforme est cruciale pour garantir que les voix africaines soient entendues dans la gouvernance mondiale, en particulier sur les questions de paix et de sécurité, où le continent porte souvent le poids des conflits.
Il n'est que juste que le continent ait un droit de regard permanent sur l'élaboration des politiques de sécurité mondiale, a-t-il déclaré.
La 8e conférence annuelle UA-ONU a réaffirmé le partenariat institutionnel solide entre l'Union africaine et les Nations unies. Les deux dirigeants ont exprimé leur engagement à maintenir une coopération dynamique et tournée vers l'avenir.