Le Centre national de presse Norbert-Zongo a commémoré, lundi 21 octobre 2024 à Ouagadougou, la 27e édition de la Journée nationale de la liberté de la presse sur le thème : « Ne brisons pas le rempart : alerte sur la mise à mort du journalisme ». A l'occasion, un panel a été animé par le philosophe, Mahamadé Savadogo et le fondateur du journal en ligne « Lefaso.net », Cyriaque Paré.
«Ne brisons pas le rempart : alerte sur la mise à mort du journalisme » est le thème qui a été retenu pour mener la réflexion à l'occasion de la 27e édition de la Journée nationale de la liberté de presse, commémorée le 21 octobre 2024. Il est inspiré de l'éditorial du 31 août 1993 de Norbert Zongo dans le Journal « L'indépendant », dont le titre est « Ne brisons pas le rempart ».
Pour mieux appréhender la problématique, elle a été abordée par deux panélistes. Le Pr Mahamadé Savadogo, enseignant de philosophie à l'université Joseph-Ki-Zerbo, s'est intéressé à « L'opinion publique et la presse d'hier à aujourd'hui à la lumière de la pensée de Norbert Zongo ». Le second panéliste, Dr Cyriaque Paré, fondateur du média en ligne « Lefaso.net » a abordé le sous-thème : « Le numérique et les médias sociaux : alliés ou ennemis de la presse traditionnelle ».
Le Pr Savadogo a fait savoir que l'opinion publique et la presse sont essentielles pour les pouvoirs. Il a aussi expliqué que la presse qui sert d'intermédiaire entre la base (le peuple) et le sommet (le pouvoir) contribue à la formation de l'opinion du citoyen. Souvent, elle se retrouve soumise à deux types de pression, celle du pouvoir et du peuple. Fort de ce constat, le communicateur s'est interrogé sur les leviers sur lesquels, la presse doit s'appuyer pour remplir convenablement sa mission. Tirant son analyse sur les éditoriaux de Norbert Zongo, l'homme de philosophie a relevé que la presse et l'opinion publique sont appelées à cheminer ensemble.
« Au Burkina, selon Norbert Zongo, l'opinion publique ne joue pas son rôle jusqu'au bout car elle ne s'implique pas suffisamment dans l'accompagnement de la presse dans sa mission mais est prompte à la condamner », a-t-il poursuivi. Pour lui, l'opinion publique doit soutenir la presse lorsqu'elle s'engage à dénoncer les abus et dérives de la société, afin qu'elle puisse résister. Dans le contexte actuel où l'apparition du terrorisme est une condition défavorable au travail de la presse, le communicateur a invité les acteurs des médias à se référer à leur « incontournable boussole », l'éthique et la déontologie du métier qui sont résumées dans la Charte du journaliste burkinabè.
Le second panéliste, Dr Paré, a confié qu'à l'ère du numérique, tout le monde communique avec tout le monde. Pour lui, les médias n'ont plus le monopole de l'information car les schémas classiques de l'information sont brisés. « Avec l'avènement des blogueurs ou journalistes citoyens, l'information est donnée immédiatement et disponible sur les médias sociaux gratuitement », a-t-il signifié. Cyriaque Paré a invité les médias classiques à revoir leur modèle économique en lien avec la vente de l'information.
« L'information ne se vend plus car elle disponible. Il faut donc penser à des nouvelles formules pour rentabiliser », a-t-il suggéré. Cette nouvelle donne recommande aussi un changement de paradigme.
Par conséquent, le fondateur de « Lefaso.net » a appelé les journalistes à cultiver le professionnalisme pour faire la différence avec le journaliste citoyen. « Les journalistes doivent être aussi polyvalents et maîtriser le numérique », a-t-il déclaré. Quant aux médias classiques, ils doivent disposer d'une stratégie pour prendre en compte les médias sociaux et diversifier leurs produits.
Avant le panel, le président du Comité de pilotage du CNP/NZ, Guézouma Sanogo a indiqué que les conditions d'exercice du métier de journaliste sont difficiles. Cependant, il a relevé une lueur d'espoir.
« Il y a encore un minimum d'acquis sur lesquels, nous allons continuer les plaidoyers en espérant que les autorités vont prendre en compte nos préoccupations », a-t-il soutenu.
La Journée nationale de la liberté de la presse est célébrée le 20 octobre de chaque année. Cette année une série d'activités a été organisée à savoir la cérémonie de remise du prix Marie-soleil-Frère de la meilleure journaliste, un mini tournoi de football et la cérémonie officielle de commémoration.