Les 117 communes togolaises sont confrontées à une pénurie de professionnels qualifiés pour superviser et contrôler le secteur de la construction, une situation critique soulevée lundi à Lomé par l'Ordre National des Ingénieurs du Togo (ONIT) et appuyée par l'Ordre National des Architectes du Togo (ONAT).
Ce constat intervient dans un contexte où la décentralisation a conféré aux communes de nouvelles responsabilités, mais sans leur fournir les moyens humains et techniques adéquats pour les assumer efficacement.
Les ingénieurs et architectes tirent la sonnette d'alarme après des incidents tragiques liés à des défauts de construction, ayant conduit à la perte de vies humaines. Ils pointent du doigt le fait que, malgré la décentralisation, aucune commune n'est actuellement équipée pour superviser correctement les dossiers de demande de permis de construire ou pour mener à bien les vérifications techniques des projets en cours.
Les autorités locales sont censées jouer un rôle clé dans l'octroi des permis et dans la surveillance des chantiers afin de garantir le respect des normes en matière de construction.
Toutefois, les mairies et leurs directions techniques manquent souvent d'équipements et de ressources humaines qualifiées pour accomplir ces missions essentielles. Cette situation expose les citoyens à des risques croissants, comme en témoignent les récentes tragédies.
La décentralisation, entamée au Togo avec la création des 117 communes en 2019, visait à rapprocher les centres de décision des populations locales et à permettre aux communes de jouer un rôle plus actif dans la gestion de leurs territoires.
Cette réforme a transféré plusieurs compétences aux communes, notamment en matière de gestion des permis de construire, de développement urbain et de supervision des travaux publics. Cependant, comme le rappellent les professionnels du secteur, cette transition n'a pas été accompagnée d'un renforcement suffisant des capacités techniques des administrations locales.
La pénurie de personnel qualifié, notamment d'ingénieurs civils et d'architectes, est l'une des causes majeures de cette inefficacité. De nombreuses communes ne disposent pas des compétences nécessaires pour évaluer les projets de construction, contrôler la qualité des matériaux ou vérifier la conformité des bâtiments aux normes de sécurité.
Pour répondre à ces défis, l'ONIT et l'ONAT appellent les autorités à mettre en place des programmes de formation et à recruter des experts pour soutenir les municipalités dans leurs nouvelles missions.
Ils insistent sur la nécessité de doter les administrations locales des ressources humaines et techniques adéquates, condition essentielle pour garantir la sécurité et la qualité des constructions dans le pays.
La politique de décentralisation, bien qu'ambitieuse et nécessaire, doit s'accompagner de moyens accrus pour permettre aux communes de réussir leur mission.