Ile Maurice: Jean-François Biset - «Laisser les pathologies urologiques évoluer expose à une dégradation progressive des fonctions vésicale et rénale»

interview

Les pathologies urologiques touchent aussi bien les hommes que les femmes. Le chirurgien urologue Jean-François Biset évoque les principales affections urologiques et aborde les dernières avancées dans le domaine de l'urologie.

Quelles sont les pathologies urologiques les plus fréquentes chez les hommes et les femmes?

À Maurice, chez les deux sexes, les calculs urinaires sont très fréquents. Chez l'homme, les pathologies prostatiques bénignes sont courantes à partir de 50 ans. Chez la femme, les infections urinaires et l'incontinence urinaire sont aussi très fréquentes.

Quels sont les signes et symptômes les plus courants des affections urologiques ?

Chez l'homme, dans le cas de l'hypertrophie bénigne de la prostate, des signes vont progressivement apparaître tels que des difficultés à vider complètement sa vessie, une faiblesse du jet urinaire, une augmentation de la fréquence des mictions, notamment nocturnes, et des envies impérieuses d'uriner pouvant aller jusqu'à des mictions involontaires. Chez la femme, les infections urinaires ou cystites vont provoquer des brûlures urinaires et des douleurs vésicales, accompagnées d'une augmentation importante de la fréquence des mictions. Pour les deux sexes, les pathologies liées aux calculs rénaux peuvent se manifester par des coliques néphrétiques, une douleur violente et très intense du côté du rein bloqué par les calculs.

Comment les infections urinaires peuvent-elles être évitées, et quelles sont les personnes les plus à risque ?

L'infection urinaire basse est une pathologie courante et très fréquente chez la femme. Pour minimiser le risque de ces infections et leurs récidives, elles doivent augmenter la consommation de boissons quotidiennes pour atteindre environ trois litres par jour, éviter les sources d'irritation périnéo-vulvaire (vêtements trop serrés, string en matière synthétique, toilette intime excessive), porter des sous-vêtements en coton, lutter contre la constipation si elle est présente, et uriner après les rapports sexuels.

Quel est l'impact de l'âge sur les problèmes urologiques, notamment sur la fonction rénale et la vessie ?

Chez l'homme, les pathologies prostatiques sont liées à l'âge et augmentent en fréquence au cours de la vie. Elles apparaissent généralement vers l'âge de 50 ans, avec une fréquence augmentant régulièrement par la suite, que ce soit pour le cancer de la prostate ou pour les pathologies bénignes dues à l'augmentation progressive du volume prostatique avec l'âge. Laisser évoluer ces pathologies expose à une dégradation progressive de la fonction vésicale et rénale, pouvant aboutir à une insuffisance rénale et nécessiter une dialyse. Chez la femme, l'incontinence urinaire devient plus fréquente avec l'âge et touche environ 30 % des femmes à 60 ans. Il existe des prises en charge simples, qui permettent de résoudre ce problème, qui peut avoir un impact important sur la vie sociale, sportive et sexuelle de ces patientes.

Quelle est la différence entre l'incontinence urinaire chez l'homme et la femme, et quels sont les traitements possibles ?

Chez la femme, l'incontinence urinaire peut prendre deux formes : l'incontinence urinaire d'effort, liée à la fragilisation du périnée à la suite d'accouchements et de la ménopause. La rééducation périnéale peut apporter un soulagement dans ses formes débutantes. Dans les cas plus avancés, une petite intervention simple, réalisée en chirurgie ambulatoire, permet de guérir plus de 90 % des femmes de manière immédiate et définitive.

Par ailleurs, il existe des incontinences liées à l'hyperactivité de la vessie, entraînant des mictions involontaires que l'on ne peut retenir, même en l'absence d'effort. Là aussi, il existe des prises en charge permettant de contrôler ces fuites, notamment par des médicaments ou des injections dans la vessie. Ces deux formes d'incontinence peuvent être associées. Chez l'homme, l'incontinence reste rare et survient souvent comme séquelle de chirurgies prostatiques ou vésicales. Si cette incontinence est importante et handicapante, l'implantation chirurgicale d'un sphincter artificiel permet de retrouver un contrôle urinaire.

Les fuites urinaires dues à des envies trop pressantes sont souvent liées à des pathologies prostatiques bénignes ou à des pathologies de la paroi vésicale. En fonction de la cause, des traitements endoscopiques adaptés peuvent être proposés. Enfin, les patients des deux sexes présentant des pathologies neurologiques graves comme les traumatisés de la moelle épinière, peuvent souffrir de troubles de la continence nécessitant également des prises en charge spécialisées.

Quelles sont les dernières avancées dans le domaine des traitements des pathologies urologiques ?

La spécialité urologique est une discipline innovante, toujours en progrès. De nombreuses innovations apparaissent chaque année pour améliorer la prise en charge des patients : dans le diagnostic, avec de nouvelles techniques d'imagerie telles que l'Imagerie à Résonance Magnétique ou le TEPscan; dans les traitements, avec la minimisation des abords chirurgicaux et le développement de techniques endoscopiques utilisant le laser, la vapeur d'eau, etc. ; dans les techniques de radiothérapie et de curiethérapie pour les cancers, notamment celui de la prostate ; et dans les traitements médicamenteux du cancer, avec l'émergence continue de nouvelles molécules en hormonothérapie, immunothérapie et thérapies ciblées.

Quels conseils donneriez-vous pour maintenir une bonne santé urologique à tout âge ?

Les conseils suivants sont d'ordre général et pas spécifiques à l'urologie. Il faut suivre une alimentation saine, privilégiant des fruits et des légumes, tout en réduisant sa consommation de viandes et de produits laitiers. Une hydratation suffisante au quotidien est aussi importante, notamment pour les patientes souffrant d'infections urinaires à répétition et pour ceux présentant des calculs urinaires. Pensez également à faire un dépistage du cancer de la prostate à partir de l'âge de 50 ans, surtout en cas d'antécédents familiaux ou d'origine ethnique africaine.

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