Professeur Axel Pries,
Professeure Beate Kampmann,
Chers collègues et amis,
Guten abend. Comme toujours, je suis ravi d'être ici.
En tant que membre fondateur du comité d'organisation du premier Sommet mondial de la santé en 2009, et désormais en ma qualité de parrain de l'événement, je suis très satisfait de constater qu'il a pris de l'ampleur.
Et je suis très fier, car dans quelques instants, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Sommet mondial de la Santé signeront un nouveau mémorandum d'accord afin de renforcer davantage notre partenariat.
Merci, Axel et Beate, de votre leadership, de votre partenariat et de votre soutien, et je me réjouis à l'idée de collaborer encore plus étroitement avec vous dans les années à venir.
Les partenariats solides, tout comme les relations solides, reposent sur la confiance.
La confiance a toujours été le fondement de la médecine et de la santé publique.
La confiance elle-même ne rend pas les gens en bonne santé ; mais personne ne peut être en bonne santé sans confiance établie.
Les populations n'utiliseront pas un médicament dans lequel ils n'ont pas confiance, ne consulteront pas un agent de santé en qui ils n'ont pas confiance ou ne suivront pas les conseils fournis sans confiance préalable.
Et lorsque la confiance est ébranlée, les conséquences peuvent être mortelles.
Au cours de la flambée de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo, qui s'est déroulée de 2018 à 2020, la transmission a été exacerbée par certaines coutumes funéraires qui consistaient à toucher et à embrasser le défunt.
Dans un premier temps, les agents de santé sont intervenus en retirant les cadavres des familles.
Mais cela a créé une forte résistance de la communauté et une perte de confiance.
Grâce à une collaboration de qualité avec la société civile et les communautés, nous avons été en mesure de mettre au point des pratiques funéraires à la fois sûres et dignes, et acceptables pour les communautés.
Nous avons instauré un climat de confiance.
Il s'agissait d'une étape clé pour contribuer à endiguer l'épidémie.
La confiance peut être rompue facilement et pour de nombreuses raisons.
Parfois, cela est dû au fait que les soins prodigués ne sont pas sûrs.
Et dans certains cas, cela s'explique par le fait que les soins sont financièrement inabordables ou inaccessibles.
Il arrive aussi que les personnes soient exclues de la participation sociale ou de la protection sociale.
Et enfin, cela tient parfois au fait que les personnes reçoivent des informations erronées.
L'Internet et les plateformes de réseaux sociaux ont donné aux gens un accès sans précédent aux informations relatives à la santé.
Toutefois, ils ont également contribué à la diffusion de mésinformation et de désinformation, lesquelles ont suscité une certaine méfiance à l'égard des vaccins et d'autres interventions sanitaires, ont renforcé la stigmatisation et la discrimination, et ont même conduit à des actes de violence à l'encontre des professionnels de la santé et des groupes marginalisés.
Pendant la pandémie de COVID-19, les mensonges sur les masques, les vaccins et les « confinements » se sont répandus aussi vite que le virus lui-même, et ont été presque aussi mortels.
Tout comme la mésinformation et la désinformation ont sapé les efforts de riposte à la pandémie, elles continuent de miner les négociations sur l'accord de l'OMS sur les pandémies.
Les médias, les célébrités, les influenceurs des réseaux sociaux et les politiciens ont répandu de fausses affirmations selon lesquelles l'Accord céderait la souveraineté nationale à l'OMS et lui donnera le pouvoir d'imposer des « confinements » ou une obligation vaccinale aux pays.
Comme vous le savez, ces affirmations sont, bien entendu, entièrement fausses. Des gouvernements souverains négocient l'accord ; et ceux-ci le mettront en oeuvre, conformément à leurs propres législations nationales.
Il est aisé de blâmer, de rejeter, de ridiculiser ou d'insulter ceux qui croient ou diffusent de la mésinformation ou de la désinformation.
Il est certain que les gouvernements, les compagnies d'Internet et les réseaux sociaux ont la responsabilité d'empêcher la propagation de mensonges nuisibles et de promouvoir l'accès à des informations exactes sur la santé.
L'OMS collabore avec un éventail d'entreprises, de chercheurs et de partenaires pour comprendre comment la mésinformation et la désinformation se propagent, quelles sont les personnes ciblées, comment elles sont influencées et ce que nous pouvons faire pour contrer ce problème.
Cependant, nous devons également veiller à ce que, lorsque nous sollicitons la confiance des autres, nous soyons nous-mêmes dignes de confiance.
Nous ne pouvons pas présumer ou anticiper la confiance des populations ; nous devons la mériter.
Il faut dans un premier temps écouter les personnes au service desquelles nous oeuvrons, afin de comprendre leurs besoins et leurs préférences, ainsi que les raisons pour lesquelles elles croient à la mésinformation et à la désinformation.
Il s'agit de concevoir et de fournir des services de santé sûrs, accessibles, abordables et centrés sur la personne ;
de fournir et de promouvoir des informations sur la santé exactes et culturellement adaptées ;
et enfin, d'obtenir des résultats.
Nous sommes tous concernés : les gouvernements, les prestataires de soins de santé, les chercheurs, les donateurs, la société civile et l'OMS.
L'une des façons dont l'OMS y parvient consiste à écouter activement les jeunes et à les faire participer aux efforts visant à trouver des solutions. C'est pourquoi nous avons créé le Conseil des jeunes de l'OMS, dont un grand nombre de membres sont ici aujourd'hui. Je tiens à remercier le Conseil des jeunes de l'OMS d'avoir rédigé la première Déclaration des jeunes pour bâtir des sociétés en bonne santé, qui sera diffusée demain lors du Sommet mondial de la santé.
Nos activités dépendent de la confiance des communautés au service desquelles nous oeuvrons, des partenaires avec lesquels nous collaborons et des États Membres qui établissent le programme mondial d'action sanitaire et nous confient les ressources nécessaires à sa mise en oeuvre.
Lors de l'Assemblée mondiale de la Santé de cette année, les États Membres ont adopté une nouvelle stratégie ambitieuse visant à sauver 40 millions de vies au cours des quatre prochaines années, à savoir le quatorzième programme général de travail.
Pour mettre en oeuvre cette stratégie, l'OMS doit disposer d'un financement solide et durable. C'est pourquoi nous avons lancé le premier cycle d'investissement de l'OMS, afin de mobiliser d'emblée le financement prévisible dont nous avons besoin pour mener à bien nos activités au cours des quatre prochaines années.
Je remercie Son Excellence le Chancelier Scholz, le gouvernement allemand et le Sommet mondial de la santé d'avoir proposé d'organiser une réunion des donateurs en faveur du cycle d'investissement, qui se tiendra dans cette salle à 18 heures demain.
Nous sommes conscients que cette demande intervient à un moment où les priorités sont concurrentes et les ressources limitées.
Toutefois, comme l'a prouvé la pandémie de COVID-19, lorsque la santé est en danger, tout est en danger.
Les investissements dans l'OMS sont donc des investissements non seulement dans l'amélioration de la santé des populations, mais aussi dans des sociétés et des économies plus équitables, plus stables et plus sûres.
Il s'agit d'investissements en faveur de la vision des pays lorsqu'ils ont créé l'OMS en 1948 : le meilleur état de santé que tout être humain est capable d'atteindre, en tant que droit fondamental.
Comme j'aime toujours le dire, Gesundheit ist ein menschenrecht !
Enfin, je voudrais juste dire quelques mots sur la paix, qui je l'espère sera le thème de l'année prochaine.
Je reviens tout juste d'une visite au Soudan et au Tchad. Le Soudan est confronté à un grave problème, la moitié de sa population nécessite une aide, et un quart de sa population est déplacée.
L'horreur dont nous ont fait part des mères qui ont fui vers le Tchad est absolument bouleversante. Beaucoup d'entre elles nous ont raconté que leurs maisons avaient été incendiées, que leurs récoltes avaient été détruites et que leur bétail avait été volé.
Sur les 640 000 Soudanais qui ont fui vers le Tchad, 94 % sont des femmes et des enfants. Comme toujours, les victimes de la guerre sont les femmes et les enfants.
Et ensuite, vous connaissez la situation à Gaza. Plus de 60 % des victimes sont des femmes et des enfants. Ce seul chiffre aurait dû suffire à arrêter la guerre, mais la guerre s'intensifie au Liban.
Et vous connaissez la situation en Ukraine.
La raison pour laquelle je voulais terminer mon discours par ces mots est que le meilleur remède est la paix.
Nous ne pouvons pas parler uniquement de santé. Il n'y a pas de santé sans paix, et il n'y a pas de paix sans santé.
Comme vous le savez peut-être, je l'ai mentionné dans de nombreux forums, je suis un enfant de la guerre. Je connais la guerre et la seule chose dont j'ai été témoin a été la destruction.
Même à cet âge, je ressens encore ce que j'ai vécu. Je connais l'odeur ; je connais les sons. Enfant, à l'âge de sept ou huit ans, j'ai vu une tête exploser.
Hormis la destruction, la guerre ne présente aucun avantage. C'est pourquoi nous appelons toutes les parties belligérantes à revenir à la raison et à résoudre leurs problèmes par une solution politique. Comme je l'ai mentionné plus tôt, la paix est le meilleur remède.
Bien entendu, le personnel humanitaire et l'OMS apportent un soutien aux populations, du Soudan, de Gaza, du Liban, et d'Ukraine. Mais si l'on soigne des personnes aujourd'hui, elles survivront peut-être quelques jours, mais elles risquent d'être tuées par des bombardements demain ou après-demain.
Pour cette raison, nous affirmons que le meilleur remède est la paix, et j'espère que nous nous mobiliserons autour de ce thème, pour plaider en faveur de la paix. Notre monde a plus que jamais besoin de paix.
Je vous remercie. Paix à notre monde. Vielen dank.