Alors que Nairobi a reconnu, lundi 21 octobre, avoir renvoyé quatre Turcs dans leur pays en fin de semaine dernière, la nouvelle a beaucoup de mal à passer au Kenya. En cause : l'absence de toute justification à cette décision, si ce n'est la requête d'Ankara. Les organisations de défense des droits de l'homme dénoncent une flagrante violation du droit d'asile.
Le renvoi par Nairobi de quatre réfugiés turcs dans leur pays à la demande d'Ankara provoque un certain émoi au Kenya. « Le principe du non-refoulement [...] ne peut être échangé contre des intérêts commerciaux ou diplomatiques », s'indigne ainsi, dans un communiqué, le Groupe de travail sur la réforme de la police qui rassemble une dizaine d'ONG et d'organisations de la société civile kényane. La plateforme relève également l'ironie d'une telle décision alors que le Kenya vient tout juste d'intégrer le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
« La Turquie est un partenaire privilégié du Kenya, notamment en matière de défense »
Les quatre hommes refoulés en Turquie sont soupçonnés par les autorités turques d'être liés aux écoles Gülen fondées par le prédicateur Fethullah Gülen qui vient de mourir aux Etats-Unis, un homme accusé par Ankara d'avoir fomenté un coup d'Etat contre le régime de Recep Tayyip Erdogan en 2016. L'un d'entre eux était le directeur de la Light Schools Academy - l'Académie des écoles de la lumière -, un établissement très élitiste de la communauté turque.
Dans son communiqué, le ministère kényan de l'Intérieur assure avoir reçu la garantie d'Ankara que ces hommes seront traités « avec dignité, selon le droit international ».
« La Turquie est un partenaire privilégié du Kenya, notamment en matière de défense. Elle est très impliquée en Somalie », explique un chercheur dans ce domaine, qui préfère rester anonyme. L'an dernier, les deux pays avaient signé un accord de défense et de coopération industrielle.