Madagascar: Construction et ingénierie civile - Des projets en vue avec un géant chinois

Conduit par son PDG, une délégation de la "China Communication Construction Company" est en visite à Madagascar. Durant une réunion à Iavoloha, hier, des projets comme la construction de la Route du Soleil, de ports et de centrales hydroélectriques ont été discutés.

Un poids lourd mondial dans le secteur de la construction et de l'ingénierie civile. C'est avec ce statut que le groupe "China Communication Construction Company" (CCCC) toque à la porte de Madagascar. Une délégation de cette multinationale, conduite par Wang Tongzhou, son Président directeur général (PDG), effectue actuellement un roadshow économique dans la Grande Île.

Le boss du groupe CCCC et sa suite ont eu une réunion de travail avec Andry Rajoelina, président de la République, au palais d'État d'Iavoloha, hier. D'entrée, les perspectives de collaboration entre Madagascar et la multinationale ont été mises sur la table par le chef de l'État. Wang Tongzhou a d'autant plus affirmé son intention de "déployer tous les efforts pour réaliser les projets du pays".

Le PDG de la CCCC ajoute que, dès son retour en Chine, il mandaterait des experts pour travailler avec la partie malgache sur la conception et la mise sur les rails des projets discutés hier. Parmi ces projets, la construction de la Route du Soleil se distingue comme le premier sur lequel le groupe CCCC peut se greffer, selon les discussions d'hier. Il s'agit d'un méga-projet routier de près de 2 000 kilomètres. Il part d'Antsiranana et longe l'ensemble de la côte Est jusqu'à Tolagnaro.

"C'est un projet qui me tient particulièrement à coeur", affirme le président Rajoelina qui a, lui-même, fait l'exposé de la fiche technique de la Route du Soleil. La construction d'infrastructures portuaires ayant fort potentiel stratégique et économique a aussi été discutée. L'éventualité d'installer un port dans la Baie de Narindra, au Nord-ouest du pays, a ainsi été relancée, hier.

Stratégique sur le plan géopolitique, car proche d'une importante autoroute maritime et ayant des prédispositions naturelles idéales, la Chine a déjà fait part de son souhait d'accompagner Madagascar dans l'installation d'un port moderne dans la Baie de Narindra, depuis 2017. La remise en marche des réseaux ferroviaires et la construction de nouvelles lignes ont également été dans la liste des possibilités d'action commune entre l'État et la CCCC.

Selon les explications présidentielles, le développement du réseau ferroviaire, en parallèle au renforcement du réseau routier, est nécessaire pour améliorer le transport de personnes et de marchandises.

Nouvelles routes de la soie

L'idée est aussi de développer le réseau ferroviaire afin de désengorger les Routes nationales des cargaisons stratégiques comme les hydrocarbures et de marchandises lourdes que sont les matériaux de construction. Ce qui devrait réduire les risques d'accidents graves, les causes de dégradations des routes et les vols. Madagascar veut aussi collaborer avec la CCCC pour atteindre son objectif de tripler la production d'électricité par des centrales hydroélectriques.

Visiblement, la partie malgache a soigneusement choisi de mettre sur la table les projets qui cadrent avec les domaines qui font la renommée mondiale du groupe CCCC. "Votre expertise sur l'ensemble de ces domaines est connue. Nous sommes convaincus qu'une coopération entre Madagascar et votre société apportera des solutions concrètes à nos défis (...)", déclare alors le président Rajoelina.

Des filiales de la CCCC comme la "China Road and Bridge Corporation" (CRBC) et la "China Harbour Engineering Company" (CHEC) sont déjà présentes à Madagascar depuis quelques années. La RN9 ou encore la RN5 et la voie rapide entre Ivato et Ambohitrimanjaka font partie de leurs réalisations. La venue de la délégation de la CCCC dans la Grande Île fait suite à l'appel aux investisseurs chinois lancé par Andry Rajoelina lors du sommet Chine-Afrique ou FOCAC 2024, en début septembre.

Un événement, en marge duquel, le chef de l'État a enchaîné les rencontres avec les décideurs des géants de l'industrie chinoise. Il y a une dizaine de jours, c'était une délégation du groupe SANY qui a été reçue pour une réunion de travail à Iavoloha. SANY figure parmi l'un des géants mondiaux dans l'industrie de production des équipements nécessaires à la production d'énergie renouvelable et à la construction d'engins.

Pour les multinationales chinoises, l'attrait pour Madagascar revêt aussi un enjeu stratégique. La plupart sont des acteurs clés dans la concrétisation de l'initiative chinoise "Belt and Road" ou les nouvelles routes de la soie. À s'en tenir aux arguments mis en avant durant le FOCAC, la Chine voit en Madagascar un partenaire stratégique dans son projet de nouvelles routes de la soie.

Il y a le caractère géostratégique de la région océan Indien et ses autoroutes maritimes, mais aussi une porte qui s'ouvre vers l'Afrique. Hier, le patron du groupe CCCC a ainsi voulu que les projets discutés, notamment dans le domaine énergétique, soient mis sur les rails avant une visite d'État de Andry Rajoelina, en Chine, prévue l'année prochaine.

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