Madagascar: Maladie transmissible - Vigilance renforcée contre le VIH/SIDA

Une rencontre de haut niveau se tient au CCI Ivato pour discuter de l'avenir de la lutte contre le VIH/Sida dans l'Océan Indien. Cette maladie gagne du terrain.

Madagascar doit s'armer davantage de vigilance. Une hausse exponentielle du VIH/Sida est observée. « En 2023, il est estimé que soixante-quatorze mille personnes vivent avec le VIH, alors que seulement vingt mille cas sont officiellement répertoriés. Ce chiffre révèle un écart inquiétant qui témoigne de l'ampleur du défi à relever. De nombreuses personnes ignorent qu'elles sont porteuses du virus et, souvent, involontairement, continuent de le transmettre par des rapports sexuels non protégés ou d'autres pratiques à risque», a déclaré la Première dame, Mialy Rajoelina, qui a honoré de sa présence l'ouverture officielle de la 20e édition du Colloque VIH/ Sida de l'Océan Indien qui se tient au CCI Ivato, du 22 au 24 octobre.

En 2019, le nombre de personnes vivant avec le VIH à Madagascar a été estimé à trente-neuf mille, dont les cinq mille sept cents connaissaient leur statut sérologique, selon le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (OnuSida). Les efforts de dépistage doivent être intensifiés, comme le souligne la Première dame. À Madagascar, le taux de dépistage est très faible. L'OnuSida estime à seulement 8 % la part de la population malgache adulte dépistée en 2018. Le Dr Catherine Gaud, créatrice de ce colloque, a souligné dans son discours que « la cascade des soins VIH n'est pas satisfaisante partout ».

Exposées

Les personnes vivant avec le VIH/Sida, pour leur part, plaident pour la disponibilité des intrants de dépistage dans toutes les localités. Selon une enquête réalisée entre octobre 2023 et mars 2024, « les besoins de services de dépistage communautaire augmentent, or, les intrants ne sont pas suffisants ». De plus, « des ruptures récurrentes de tests de dépistage » sont signalées. En outre, à Madagascar, beaucoup ne se sentent pas concernés, pensant que le VIH n'existe pas et que connaître leur statut sérologique est le dernier de leurs soucis.

À Madagascar, comme dans les autres îles de l'Océan Indien, pourtant, de plus en plus de personnes sont exposées à cette maladie, avec l'addiction à la drogue qui gagne du terrain, les relations sexuelles non protégées et la précocité sexuelle des jeunes.

Mialy Rajoelina veut briser les tabous pour stopper ce fléau. « Il est impératif d'encourager des discussions ouvertes et honnêtes sur la sexualité et la protection, que ce soit à la maison, à l'école ou entre amis. Ce n'est pas un sujet honteux, c'est une nécessité. Il est essentiel que les parents soient ouverts à ces discussions. Notre culture peut parfois ériger des barrières, mais il est temps d'encourager l'ouverture d'esprit.

Les écoles doivent devenir des lieux où l'éducation sexuelle est enseignée sans réserve, pour permettre aux jeunes d'accéder à l'information dont ils ont besoin afin de faire des choix éclairés », a-t-elle déclaré. Le ministère de l'Éducation nationale, qui base l'éducation sexuelle à l'école sur le principe d'abstinence, va-t-il changer d'avis ? Il y a un an, il a interdit les démonstrations sur l'utilisation des contraceptifs dans les établissements scolaires. Alors que dans les collèges, plusieurs adolescents et adolescentes sont déjà sexuellement actifs. Si les enseignants ne les conseillent pas sur comment éviter les grossesses précoces et les maladies sexuellement transmissibles, qui le fera à leur place ?

« Vous êtes l'avenir de Madagascar. Votre santé et vos choix d'aujourd'hui façonneront le monde de demain. Vous avez le pouvoir d'influencer non seulement votre propre vie, mais aussi celle de vos familles et de votre entourage. Votre corps vous appartient. Ne laissez jamais personne décider à votre place. Vous avez le droit de faire des choix concernant votre vie sexuelle. Il est important de comprendre que dire non est un acte de force, pas de faiblesse. Ne cédez pas à la pression des autres et encore moins à celle des réseaux sociaux. Rappelez-vous, chaque décision que vous prenez aujourd'hui peut influencer votre avenir et celui des générations futures », s'est adressée la Première dame aux jeunes.

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