C'est un rapport qui est attendu depuis maintenant 18 ans, comme le sont d'autres du genre à l'image du rapport sur la liberté de la presse dans le monde, le rapport du développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le rapport mondiale de Human Rights Watch sur les pratiques et tendances en matière de droits humains.
L'Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) qui a commencé en 2006, fait chaque année l'état de la gouvernance globale en Afrique sur les plans économique, social et politique. Pour ne citer que ces aspects.
L'IIAG est un rapport de la Fondation MO-Ibrahim, le milliardaire soudanais qui a bâti sa fortune dans le domaine de la télécommunication. Ladite fondation produit des données et des analyses sur les difficultés que rencontrent le continent, invite les parties prenantes à des discussions et soutient les initiatives de renforcement du leadership et de la gouvernance en Afrique.
Ce nouvel Indice s'est appuyé sur des données provenant de 49 sources indépendantes qui comprennent plus de 300 variables regroupées en 96 indicateurs, eux-mêmes répartis en 16 sous-catégories et quatre catégories principales : sécurité et Etat de droit ; participation, droit et inclusion ; fondement des opportunités économiques ; et développement humain.
Le rapport qui a été rendu public le mercredi 23 octobre 2024 fait l'état des lieux pour l'année 2023. Selon ce que disent les rapporteurs, 2023 n'a pas été des meilleures. Et cela pour plusieurs raisons. Les causes sont liées aux conflits, à l'insécurité, la réduction des espaces démocratiques avec les répercussions que cela entraîne sur les secteurs sociaux de base comme l'éducation, la santé, l'accès à l'eau potable, etc.
Cette situation peu reluisante en 2023 intervient après une décennie qui avait été marquée par une évolution notable de la situation d'ensemble de la gouvernance sur le continent noir.
En réalité, l'Afrique offre une situation disparate en fonction des pays.
Si le niveau de la gouvernance globale était pire en 2023 qu'il ne l'était en 2014, de nombreux pays tirent leur épingle du jeu, à commencer par les Seychelles qui caracolent en tête dans ce tableau de la bonne gouvernance.
D'autres pays, à l'image de l'Egypte, de Madagascar, du Malawi, de la Côte d'Ivoire, du Togo et du Bénin et même de la Somalie, auraient suivi « une trajectoire positive de progrès de la gouvernance » au cours de la décennie 2014-2023.
D'autres par contre ne sont pas particulièrement bien lotis.
Ainsi de la République démocratique du Congo, des Comores de l'Eswatini, du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Pour ces trois derniers pays qui forment l'Alliance des Etats du Sahel (AES), l'explication est toute simple. C'est l'insécurité à laquelle ces trois pays font face depuis une bonne décennie et qui plombe littéralement tous les efforts de développement.
C'est dire donc que les situations de conflit constituent un sérieux frein à l'épanouissement des populations dans les pays pris en compte par le rapport.
A ce titre, le rapport 2024 pointe du doigt l'ampleur de « la menace que représentent l'aggravation de la crise sécuritaire et la réduction de l'espace participatif pour les progrès du continent. Cela reflète une crise mondiale », a notamment déclaré Mo-Ibrahim, le président de la fondation éponyme.
C'est connu, le propre de tout rapport est de ne pas être accepté par tous, notamment par les mal classés, mais plutôt que de rejeter en bloc les résultats, les critères ou le modus operandi, les pays concernés gagneraient au contraire à en tirer des raisons de s'améliorer.